J’aime le genre et Folio a eu l’excellente idée de sortir ces deux nouvelles signées F.S Fitzgerald dans sa collection à 2 €. Je ne sais pas pour vous, mais à chaque fois que je passe devant le petit tourniquet de la maison de presse qui vend cette collection, j’ai du mal à me retenir ! De plus, c’est parfait quand je connais une « mini crise » de lecture, ces petits formats me correspondent. Et là, j’étais tranquille en retrouvant un de mes auteurs chouchous.
* Pirate de la côte est la première nouvelle, Bernice arrive en second. Comme dans une grande partie de son oeuvre, on retrouve ici l’écrivain américain taillant un portrait à bourgeoisie américaine mais ici c’est amusant et comme le dit l’éditeur « pétillant comme un champagne bien frais ». Ardita Farnam est une jeune écervelée de 17 ans, riche héritière, élevée par son Oncle. La demoiselle a décidé de lui piquer son yacht, amarré en Floride et de mettre direction vers Palm Beach où elle souhaite retrouver son amant, un quadragénaire crapuleux et infidèle. Son Oncle la rejoint sur le yacht pour lui faire réaliser son énorme erreur mai la jeune femme n’en a que cure ! Elle refuse de surcroît la proposition de son Oncle de rencontrer le fils d’un Colonel, Toby Moreland que son Oncle souhaite lui présenter, « un bon parti ». La jeune femme s’est vue promettre un bracelet de diamants ayant appartenu au Tsar de Russie.
L’Oncle repart énervé et le yacht continue son chemin lorsque le bateau est arraisonné par une bande de pirates, exactement un jeune homme et ses six acolytes (6 hommes noirs). Le jeune pirate, qui répond au nom de Curtis Carlyle va alors faire connaissance avec cette jeune femme égocentrique, orgueilleuse mais également très attirante…
Que dire sinon que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle, bien fraiche et très amusante. F.S Fitzgerald sait parfaitement décrire la gent féminine de l’époque (qui n’a d’ailleurs pas beaucoup changé) et cet âge où, comme les starlettes d’Hollywood, elles ont l’impression de diriger le monde. Mais n’oublions pas le talent de l’écrivain américain qui m’a réservé une très belle surprise à la fin !!
*Bernice se coiffe à la garçonne conclut ce mini recueil. Bernice est une jeune fille de bonne famille, de la petite bourgeoisie d’Eau Claire du Wisconsin. Là-bas, sa famille, des notables, est respectée et Bernice populaire mais lorsqu’elle arrive à New York pour passer des vacances en compagnie de sa cousine, Marjorie Harvey, l’accueil est glacial. Bernice n’est plus qu’une petite provinciale, invisible aux yeux des autres jeunes gens de la haute société. Marjorie n’aime pas sa cousine et la voilà coincée avec elle tout le mois d’août quand les soirées au country club se multiplient et où Marjorie peut espérer rencontrer de jeunes partis, étudiants à Yale, Princeton ou Harvard. Marjorie doit trouver à chaque soirée une bonne âme pour faire danser sa cousine. Celle-ci bien que « mignonne, cheveux noirs et teint vermeil » n’en reste pas moins très ennuyeuse, « une rabat-joie ». C’est ce que pense Warren McIntyre, qui a grandi en face de Marjorie et en est secrètement amoureux. Un soir, les deux jeunes femmes s’avouent leur mutuelle inimitié et Bernice menace de rentrer chez elle à Eau Claire. Le lendemain, elle est encore là, incapable de partir. Marjorie a réfléchi de son côté, et lui propose alors de l’aider à devenir plus populaire et l’une de ses idées est d’annoncer à tous leurs amis que Bernice a décidé de couper ses cheveux à la garçonne….
Je n’en dirais pas plus, mais si vous avez déjà lu F.S Fitzgerald et son Gatsby, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser à ses soirées mondaines mais ici c’est avec une lame bien plus aiguisée que l’écrivain américain taille le portrait de ce cette société qui se veut au-dessus de tous et impose aux autres une pression énorme. Cette chère Bernice en sera l’amer exemple. Une nouvelle que j’ai vraiment beaucoup aimé, nettement plus sombre que la première, elle possède néanmoins la puissance que l’écrivain américain a toujours su confier à ses romans. La puissance des mots, la puissance de ces gens qui pensaient posséder le monde (avant la crise de 1929). Le talent de F.S Fitzgerald est ici, de ne pas mettre en avant une légende vivante, comme le fameux Gatsby mais deux adolescentes et de montrer comment cette lutte des classes se propage au sein d’une même classe et est enracinée dans leur éducation. Rassurez-vous la Bernice a quand même du caractère et il lui en faudra !
Un vrai petit bijou que ce recueil, qui confirme ma profonde admiration pour cet écrivain, pourfendeur d’âmes, qui sut admirablement bien étudier cette haute-société émergente avec tous ses travers.
♥♥♥♥
Nouvelles issues du recueil Garçonnes et philosophes, dans Romans,nouvelles et récits, tome I (la Pléiade, Gallimard)
En photo, Louise Brooks
6 commentaires
Je comprends que tu puisses craquer pour ces petits folio. C’est très pratique.
Je n’ai pas lu ces nouvelles, et tu me donnes très envie de le faire… mais j’ai toujours Gatsby dans ma PAL… :/
Il n’y a pas que Gatsby et ces nouvelles peuvent être très pratiques pour lire ce cher F.S 😉
Pratique et court, j’avais l’esprit un peu trop préoccupé et surtout une lecture passionnante mais compliquée ! Terminée aujourd’hui. Du très bon, mais du très lourd..
Hâte de voir tes cadeaux d’anniversaire, le premier était déjà magnifique !
J’ai tellement aimé Gatsby. Des nouvelles en plus, tout pour me plaire !
Oui et on reste sur le même thème, celui de la haute société passée sous le radar de Fitzgerald, un vrai petit bijou !
Ahhhh Francis mon chouchou. je crois que je peux dire sans ambages que j’ai tout ce qui est publié de lui en France, c’est vraiment un auteur que j’ai dévoré, surtout à la fac, mais en fait je n’ai jamais cessé de le lire. Un magnifique nouvelliste, qui cultive une telle élégance et mélancolie…
Oh oh ! oui tout comme toi, tu en parles tellement bien et moi aussi je l’adore !!
Ces deux nouvelles sont intenses et magnifiques. Il arrive toujours à nous toucher et d’une manière si élégante et son portrait de l’Amérique ….
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