Je n’aurais jamais cru lire un jour, une puis deux enquêtes du commissaire Maigret. Sans doute est-ce du au fait que je classais le commissaire français au même rang que l’inspecteur Derrick. Leurs adaptations télévisuelles ne m’ont jamais intéressées, d’abord parce que j’étais trop jeune et parce que soyons honnêtes je les trouvais profondément ennuyeuses. Je dois ce revirement en grande partie à une blogueuse française transalpine, installée à Milan. Elle nous fait partager ses lectures et entre autres son amour pour Simenon.
En effet, elle adore Georges Simenon, immense romancier belge qui a créé le commissaire Maigret il y a très longtemps, et a écrit plus d’une soixantaine d’enquêtes dont il est le héros. C’est en allant rapporter un livre (fort tard) à la bibliothèque, que j’ai trouvé deux romans, L’affaire Saint-Fiacre et L’ami d’enfance de Maigret. Les deux romans ont été écrits à des périodes très lointaines (1932 pour le premier et 1968 pour le second).
Ces histoires policières ont la particularité d’être très courtes, n’excédant pas 200 pages. J’ai ainsi lu le premier dans les transports en commun (très léger dans le sac à main) et le second ce week-end, allongée dans mon transat. Lors du premier roman, je ne pouvais pas me défaire de l’image de Bruno Crémer qui a longtemps incarné le commissaire à l’écran. Mais au fur et à mesure de ma lecture, une autre image, celle que je me suis créée a commencé à apparaître. En m’appropriant ce personnage, j’arrive à l’apprécier et a lui trouvé de l’intérêt, ce qui n’était pas le cas lorsque je le voyais à la télévision.
Le commissaire est marié, son épouse s’appelle Monique et l’attend sagement le soir pour partager un dîner et quelques confidences sur certaines enquêtes. A l’époque, les policiers n’étaient pas tous divorcés ou alcooliques 😉
Fait du hasard, les deux histoires ramènent le commissaire à son enfance. Dans le premier roman, il retourne dans la ville où il est né et où son père officiait comme régisseur du château du Comte de Saint-Fiacre, dans le second, le lecteur le voit retrouver un ami d’enfance, fils du boulanger du village de Saint-Fiacre.
J’ai découvert que le commissaire travaille à Paris et possède une certaine notoriété auprès de ses concitoyens. C’est étrange car j’avais toujours imaginé qu’il ne travaillait que dans des petites villes. Côté caractère, le sien est disons bien corsé, voire bourru. Les enquêtes ayant lieu dans les années d’après-guerre, point d’ADN, d’experts scientifiques. Ici, c’est le jeu du chat et de la souris avec les suspects.
La première enquête a tout d’une pièce de théâtre, une pièce en trois actes, avec un final époustouflant. J’ai vraiment adoré la manière dont l’un des personnages principaux va prendre le commissaire par surprise et va faire éclater la vérité. Ici le commissaire est si troublé d’être de retour sur les lieux de son enfance qu’il en oublie de mener l’enquête. La deuxième histoire voit surgir du passé un ami d’enfance, Léon Florentin, qui annonce le meurtre de sa bien-aimée, en sachant que la jeune femme se faisait entretenir par quatre autres hommes. A nouveau Maigret doit lutter contre ses démons personnels.
Je l’ai lu en une seule journée (188 pages). Simenon possède une écrite fluide que j’aime beaucoup. J’ai trouvé depuis deux autres romans dans des boutiques de livres d’occasion à 90 centimes. A noter que les romans ont été réédités et que Simenon a entrainé son héros dans de nombreuses enquêtes. Le romancier a été extrêmement prolixe : 192 romans, 158 nouvelles sous son nom et sous 27 pseudonymes plus de 176 romans et des dizaines de nouvelles.
Alors, n’ayez pas peur d’ouvrir un roman où Simenon met son personnage fétiche en scène, car moi j’ai réussi à oublier la peur que m’inspiraient les quelques images vues ci et là à la télévision.
Je serai curieuse de voir l’adaptation cinématographique de l’Affaire Saint-Fiacre avec Jean Gabin dans le rôle du commissaire 😉