L’héroïne, Mary Bee Cuddy est considérée comme une vieille fille. Âgée de 31 ans et considérée trop autoritaire et laide, elle n’a toujours pas trouvé mari. Elle enseigne dans une petite bourgade sauvage de l’Ouest, frappée en cette saison par un hiver qui refuse de s’en aller. Tempête de neige sur tempête de neige. Mary Bee a appris à gérer seule la tenue de son ranch. Monter à cheval, manier les armes, s’occuper des bêtes – rien ne lui fait peur. Pieuse, elle prend conseil auprès du Révérend Dowd et désespérée propose à un des ses voisins, plus jeune, de l’épouser. Premier refus. Mary Bee Cuddy ne conçoit pas le mariage comme un acte d’amour mais comme un contrat : deux personnes partageant les mêmes objectifs et s’entraidant. Bafouée, la jeune femme apprend par Dowd que sa seule amie (kilomètres à la ronde) Theoline Belknap a perdu la raison, après avoir accouché, à 43 ans d’un troisième enfant. Elle l’a laissé mourir de froid et est plongée depuis dans un terrible mutisme.
« Soon, however Mrs Svendsen began to wail again, and was echoed by another woman, then another, and presently the voices of all four, Gro Svendsen and Hedda Petzke and Arabella Sours and Theoline Belknap, joined in discord. It was a lament such as these silent lands had seldom heard. It was a plaint of such despair that it rent the heart and sank teeth into the soul. (..) It was as though the tragic creatures in the wagon could now, finally, discern what was happening to them : that they were being torn apart from everyone they loved, their men, their children born and unborn; and from everything they loved, their flower seeds and best bonnets and wedding rings – never to return ». (p. 104)
Je n’en dirais pas plus, mais sachez que Swarthout réalise un vrai tour de force. Non seulement en nous plongeant dans cette époque, mythique de l’Ouest, totalement méconnue du lecteur – on est très loin de la joie de vivre de la Petite Maison de la Prairie, ici Dame Nature donne mais reprend tout. Ces femmes, nées à l’Est, élevées dans des villes civilisées se retrouvent soudainement seules à affronter l’attaque des loups affamés (comme Mrs Petzker), la maladie de leurs enfants, les récoltes brûlées ou l’aridité de la terre. Chaque jour, elles doivent assurer le dur labeur quotidien sans jamais se plaindre. Incapables d’exprimer la moindre émotion au début du voyage, la distance physique avec l’origine de leurs malheurs va avoir un effet positif. Les femmes ne se lamentent plus, se laissent soigner, emmener et vont trouver chez Briggs la protection et la sécurité dont elles ont besoin. Et Dame Nature leur offre les premiers signes du printemps.
Si Mary Bee Cuddy perd peu à peu confiance en elle, l’homme qu’elle juge rustre, sauvage, mal élevé, sans foi ni loi va peu à peu s’éveiller au monde et ce voyage va transformer Briggs en une personne qu’il n’aurait jamais soupçonné être un jour. Ainsi on comprend mieux le titre du livre, The Homesman – néologisme créé par Swarthout pour désigner cet homme chargée de ramener ces femmes dans leur foyer d’origine, à l’Est. (Traduit « le rapatrieur » dans la version française). La frontière invisible semble ainsi séparer ainsi le monde : La folie à l’Ouest, la raison à l’Est.
26 commentaires
Un coup de coeur pour moi aussi !
Contente ! Pourtant la fin .. bref pas facile mais magnifique – Swarthout nous offre une autre vision de l'Amérique
J'avais déjà très envie de le lire, c'est encore plus le cas maintenant, tu penses bien !
Si tu regardes mon précédent billet (craquage de slip), tu verras que j'ai encore déniché d'autres pépites dont un Fante.
Oui, je pense que tu aimeras celui-ci – Swarthout tord le coup aux idées reçues concernant la conquête de l'Ouest et c'est très plaisant !
je suis souvent passé devant ce livre sans trop m'attarder, étrange… a présent cela va être dure de résister !
Fonce ! Tu ne vas pas le regretter, j'aime bien sa manière de raconter l'Ouest … loin des sentiers battus !
Bon je ne suis pas très objective …. 😉
Ah! Je savais bien que tu allais adorer… J'ai prêté le roman à une copine qui était très rétissante. Quoi, un western? Je lui ai dit: lis-en 50 pages. Après, si tu n'aimes pas, arrête.
Tu penses bien qu'elle n'a pas pu arrêter!
C'est vrai que, comme tu le dis si bien, Swarthout tord le coup aux idées reçues concernant la conquête de l'Ouest, et à mon sens, c'est ce qui fait toute la richesse de Homesman. J'ai vraiment adoré…
Oui, Jérôme va se lancer et peut-être Chinouk, Hélène avait aussi adoré.
Oui, il apporte une autre vision et ça fait du bien ! Tu n'as pas lu mon craquage de slip ? 😉
Si tu l'as lu et commenté – car c'est ta faute en partie LOL …
Pendant que j'y pense… J'espère que tu passes un bon moment en compagnie de Kent Haruf…
😉 J'hésite entre un ou deux billets … mais je n'ai pas encore fini !
Un auteur que tu me donnes envie de découvrir !
J'en suis à mon deuxième livre de lui et pour le moment gros coup de coeur ! Si tu veux voir l'Ouest de manière différente 🙂
Un auteur que tu me donnes envie de découvrir
J'ai prévu de le lire, et je vais me régaler, si j'en crois les différents avis !
oh … et hop un petit double avec son point d'exclamation 😉
Oui ! Tu vas t'attacher aux personnages aussi ! Bonne lecture 😉
Très beau film, mais je n'ai pas lu le roman
Aussi beau que le film ! Avec une légère différence (une jeune femme de plus) mais le film lui était bien fidèle
Je viens de le noter. J'avais vu la bande annonce du film qui m'intriguait déjà !
Il te plaira ! Une autre vision de l'Ouest
Il s'agit d'un de mes gros coups de cœur 2014 ^^
Je te comprends !
[…] découvrir le Nebraska (en rouge sur la carte) ! (un clic pour mieux voir) Hélène Sandrine et Electra ont aimé […]
Merci !
[…] hâte de retrouver ce cher Glendon, un de mes auteurs ♥, après l’avoir découvert avec The Homesman et Le Tireur. Et Gallmeister a eu l’excellente idée de sortir dans sa collection Totem son […]
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