Quand on m’a proposé la lecture du dernier roman d’Antonin Varenne, j’ai sauté de joie. J’avais hâte de retrouver la plume de l’auteur français dont j’avais adoré les derniers romans, Battues et Trois mille chevaux vapeur. Ma surprise fut d’autant plus grande en retrouvant le nom d’Arthur Bowman, le personnage principal de son roman Trois mille chevaux vapeur.
Mais le personnage principal s’appelle en réalité Pete Fergurson. Le jeune homme a déjà un beau curriculum vitae : voleur et incendiaire dans le Nebraska, déserteur de l’armée et enfin meurtrier dans le Nevada. Pete est un homme en fuite et il n’a pas encore 25 ans. Il a du quitter précipitamment le ranch familial des Fitzpatrick, où il a grandi avec son jeune frère adoré Oliver, dans sa famille d’adoption composée d’Arthur Bowman, son épouse Alexandra et de leur fille. Malgré l’entourage de cette famille très cultivée (Arthur a vogué à travers les océans pour la Compagnie des Indes et Alexandra parle couramment français) – le jeune Pete se sent plus proche de sa famille d’origine, un père alcoolique qui s’est pendu devant lui, et sa mère, morte trop tôt.
Pete a pris la direction du sud. En chemin, il fait la connaissance d’un chasseur de bisons qui est prêt à l’engager pour le dépeçage des peaux. Mais rien ne se passe comme prévu, le cuisinier meurt écrasé par la roue du chariot après une tornade et Pete, qui parle peu mais a son franc-parler, se met rapidement à dos les autres chasseurs. Excellent tireur, on lui confie cependant la tâche d’abattre ces bêtes qui ne bougent même pas après plusieurs tirs. Son patron est un drôle de bonhomme qui lui confie son rêve : aller sur la piste de l’équateur, car là-bas le monde tourne à l’envers, les pyramides sont ainsi tête en bas et vos rêves deviennent réalité. Pete le taquine, la terre est ronde et la gravité vous empêche de vous envoler. Mais l’idée germe dans sa tête de fuyard.
Le jeune homme accepte donc de suivre un brigand mexicain jusqu’au Mexique mais apprenant que l’homme pratique le vol d’enfants indiens, Pete ne peut rester sans rien faire. Son choix le mènera à la mort d’un homme et Pete doit fuir à nouveau. Désormais recherché dans plusieurs États, il embarque sur un navire, direction le Guatemala. Nous sommes dans les années 1870. A son bord, deux hommes dont un écrivain. Le bateau transporte une presse que les homme souhaitent utiliser pour publier des articles révolutionnaires et libérer le Guatemala de ses dirigeants.
Le jeune homme fait confiance à Arthur Bowman, son père adoptif, qui lui avait confié que lorsqu’on arrive dans un territoire inconnu, il faut se rapprocher de l’écrivain local. Ce dernier embauche Pete pour l’aider à mener sa révolution au Guatemala. Une jeune indienne Xinca doit assassiner le gouverneur local lors d’un bal et Pete lui fournir l’arme, mais le jeune homme change d’avis au dernier moment et préfère danser avec elle. Leur plan est découvert et ils doivent fuir dans les montagnes. L’écrivain et son ami sont arrêtés.
Antonin Varenne a décidé de retrouver ses grands amours : les voyages à travers l’histoire sur fond de fugue, celle de Pete, dont le destin a basculé à jamais lorsque une jeune femme l’a accusé faussement d’un crime. Pete tient un drôle de journal où il invente les lettres que sa famille lui auraient envoyés tout au long de son voyage. Son frère Oliver, son père adoptif, Arthur Bowman et même Alexandra. Le jeune homme part dans une quête de rédemption. Ce choix va l’amener à découvrir d’autres mondes, lui qui a grandi au milieu d’un ranch. La politique qui lui était étrangère lui explose en pleine figure avec la révolution libérale guatémaltèque, le Mexique gangréné par les guerres de clans ou la Guyane française et sa population, composée principalement de ces bagnards condamnés à rester sur cette terre inhospitalière. Antonin Varenne nous offre bien « une odyssée envoutante et poétique de Pete Ferguson » comme le promet l’éditeur.
Les lettres de Pete traduisent ses inquiétudes, son errance et cette quête symbolique d’un monde où il ne serait plus en fuite. Mais ce monde existe-t-il ? En croisant la route de cette jeune femme, Pete va soudainement cesser de penser à sa petite personne. Même s’il s’en veut d’avoir abandonné son jeune frère dont il se sentait responsable, Pete a longtemps agi égoïstement, étranger au monde qui l’entoure. En fuyant à travers les montagnes guatémaltèques, en osant défier le brigand mexicain, en choisissant d’aider la jeune femme, Pete grandit. Même si sa conscience ne cesse de le travailler.
J’avoue que ma lecture a plutôt mal commencé, mais c’est en grande partie ma faute. Je l’ai lu à un moment où j’avais l’esprit totalement absorbé par une situation familiale et j’ai donc eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. J’ai même douté un tant soi peu sur ma capacité à le finir. Mais par magie, un samedi et un dimanche pluvieux, m’ont permis de me poser et l’esprit plus léger, j’ai enfin embarqué avec ces deux âmes esseulées.
J’avais adoré le personnage d’Arthur Bowman dans Trois mille chevaux vapeur, l’auteur nous faisait déjà voyager à travers l’Europe, l’Asie et l’Amérique. J’avoue que là, j’étais à nouveau ravie de découvrir un nouveau pan de l’histoire et surtout l’Amérique centrale dont je connais peu l’histoire et puis la Guyane française et ses bagnes. La confrontation entre l’Indienne Xinca qui voit son monde disparaître sous ses yeux et Pete qui doit fuir le sien est vraiment intéressante.
Il sera au festival Salon du Livre à Paris, j’espère pouvoir l’apercevoir. J’aime tellement ses romans. Je remercie Babelio pour cet envoi.
♥♥♥♥♥
Éditions Albin Michel, 2017, 352 pages
14 commentaires
Pas encore découvert cet auteur. Mais je serai plutôt tentée de commencer par « Battues », noté à la suite de la lecture de ton billet. Le sujet m’interpelle d’avantage. J’ai raison, tu penses?
Effectivement, Battues est très différent de ce roman ou de Trois mille chevaux vapeur. Je crois qu’effectivement tu aimerais sans doute plus Battues.
J’ai beaucoup aimé ce roman, alors que je n’avais pas lu « Trois mille chevaux vapeur », j’ai trouvé qu’il était facile de suivre les personnages.
@Marie-Claude, effectivement, tu devrais commencer par « Battues » et lire aussi « Cat215 » qui est épatant !
Oui il se lit très bien tu as du le trouver différent de Battues pour Cat215 la Guyane. Je te conseille donc Trois mille chevaux vapeur qui reste un énorme coup de cœur point moi ! Et ce fameux Arthur Bowman
Jamais lu l’auteur, et ce n’est pas faute de pouvoir emprunter ses romans, ou de les recevoir (trop de LAL)
dommage ! je pense qu’il mérite le détour, il a écrit des romans très variés – mais bon je lis peu de romanciers français donc je ne dis rien 🙂
Un auteur découvert il y a très peu de temps avec un tout petit texte (« Cat 215 ») dont j’ai adoré l’atmosphère étouffante
Battues est dans le même registre. Rural (une exploitation forestière). Trois mille chevaux vapeur et Equateur sont dans un autre registre
Je ne me suis toujours pas remise de la lecture de « Fakirs » (pas aimé du tout). Là, on a l’air d’être dans un tout autre genre mais je reste moyennement convaincue. Ca fait pas mal de péripéties dans ton résumé, non?
Oui mais on ne s’éparpille pas (un pays après l’autre). C’est un autre genre comme pour Trois mille chevaux vapeur – un autre registre. On pourrait presque croire que ce n’est pas le même auteur.
J’ai découvert la plume d’Antonin Varenne avec une novella et j’avais adoré !
J’aime beaucoup sa plume et il peut vraiment varier les genres ! Il sera au quai du Polar à Lyon et à Paris
[…] chose faite ! 95 pages, ça se lit vite, très vite. Je venais de lire son nouveau roman Equateur, aussi je n’étais pas vraiment surprise de me retrouver au fin fond de la Guyane […]
[…] chose faite ! 95 pages, ça se lit vite, très vite. Je venais de lire son nouveau roman Equateur, aussi je n’étais pas vraiment surprise de me retrouver au fin fond de la Guyane […]
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