Entre les rounds ∴ Rodolphe Barry

par Electra
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Une lecture imprévue dans mon programme. Il s’agit d’un recueil de nouvelles français acheté avec Marie-Claude (@hopsouslacouette)  à la Cantine (Hangar aux Bananes) et lu dans le train du retour pour Nantes début juillet.  En fait, non acheté après que Marie-Claude a eu la bonne idée de faire un tour dans leur boutique 😉

J’ai craqué pour la couverture et ensuite pour la quatrième. L’auteur est français mais il a choisi de nous emmener de l’autre côté de l’océan, en Amérique. Et il nous fait une très jolie déclaration d’amour à l’encontre de ces gens ordinaires.

Ses personnages sont touchants, ils sont à des moments clés de leur existence. Leurs choix les mèneront soit, vers une nouvelle vie pleine de promesses, soit vers une vie ponctuée de regret. Certains sont déjà usés par la vie, ainsi ils font penser à des boxeurs, encore debout « entre les rounds « . Ils résistent.

Qu’ils soient hommes ou femmes, ils semblent prendre conscience un matin de la futilité de leur vie ou au contraire de son fardeau. Nora, par exemple, est infirmière. Un matin, elle prend la route direction l’hôpital, mais finalement elle n’y arrivera jamais.

J’ai adoré ♥ la première nouvelle de ce recueil, on y suit le mari de Wanda, écrivain raté qui décide un jour de fuir son quotidien pesant et de prendre la route, à la recherche de son héros, le discret écrivain Cormac McCarthy. Quand on aime la littérature, il faut absolument lire cette nouvelle ! Elle représente tout ce que l’on aime et à noter l’apparition surprise d’un ami de McCarthy, qui est un vrai cadeau. Un dramaturge célèbre, acteur et producteur. Bref, la rencontre de grands hommes.

(Cormac McArthy) Pas d’interview. Aucune trace de rencontre avec le public ou d’apparition officielle. Même topo que pour J.D Salinger. A la différence que McCarthy travaillait et publiait.  (…) Le mot d’ordre était toujours le même : « Lisez mes livres si ça vous chante, mais foutez-moi la paix ! Je suis tout entier au coeur de mes livres, nulle part ailleurs ».

Je pense également à cet homme, Sam, qui lui aussi choisit un jour de prendre la route et de fuir sa vie. Direction un motel au pied des Rocheuses. Que trouve-t-il dans cette chambre ? Dans cette vie loin des siens, loin de l’agitation du monde ?

L’auteur ne cesse de faire des clins d’œil à ses écrivains préférés ou aux films cultes qui ont su également rendre hommage à ces hommes et femmes ordinaires, dont le destin s’amusent d’eux comme des pantins. L’auteur français a sans doute grandi en admirant l’Amérique, comme moi, enfant, qui regardait religieusement la Dernière Séance.

A travers l’obscurité, je distinguais son corps (…) Ses sandales avaient fondu dans l’herbe humide. Mary restait silencieuse, croisait et décroisait les bras, le vent léger jouait dans ses cheveux. (..) J’aurais voulu que rien ne change. Je me disais que d’ici quelques jours, le Midwest pourrait être bien recouvert par les premières neiges quand elle appela une fois, puis une autre très fort, avec une fêlure dans la voix.  Pour la rassurer, j’avançai une main  et murmurai son prénom, comme dans ce vieux motel au bord du lac Erié où elle avait eu si peur de l’orage.

Une écriture simple, un regard tendre envers ses personnages, l’œuvre de Rodolphe Barry m’a touchée même si certaines nouvelles m’ont moins parlées. Ici, on est loin du bonheur éclatant de l’Amérique capitaliste, « juste des vies simples qui se réinventent avec courage et touchent au cœur » nous confie son éditeur. Et il n’a pas tort.

On pense forcément à Willy Vlautin ou à Kent Haruf, sans arriver à leur niveau cependant, même si le style et les thèmes s’en approchent.  Un très joli moment de lecture.

Entre les rounds ♥♥♥♥♥
Mettons que je n’aie rien dit ! ♥♥♥
Au rythme du chien
 ♥♥♥♥
Nora 7:37 ♥♥♥
James Stewart n’a pas tué Liberty Valance ♥♥♥♥
Besoin d’espace ♥♥♥

 Éditions Finitude, 2016, 128 pages

 

Et pourquoi pas

8 commentaires

keisha 22 septembre 2017 - 7 h 59 min

Je comprends que tu aies craqué sur la couverture…^_^

Electra 22 septembre 2017 - 8 h 46 min

Oui !

Edwige Mingh 22 septembre 2017 - 12 h 53 min

Juste pour dire, avant de lire le livre, que j’aime la politique éditoriale de Finitude !

Electra 22 septembre 2017 - 13 h 49 min

Oui moi aussi ! et ici ils ont eu raison de le publier – pour moi, il a mieux saisi les aspérités du pays que Tanguy Viel et son roman américain.

Marie-Claude 22 septembre 2017 - 14 h 19 min

Il m’attend, alors, je ne regarde que tes petits coeurs (et ça augure très bien!)

Electra 22 septembre 2017 - 14 h 42 min

Je te comprends ! Il est temps que tu lises, vu que tu l’as trouvé la première !

Marie-Claude 23 septembre 2017 - 15 h 53 min

Punaise, c’est toi qui est trop vite pour moi!

Electra 23 septembre 2017 - 16 h 01 min

Mdr vu le nombre de billets en attente de publication, je dirais que mon rythme est bon ces temps-ci

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