Mon dernier Donna Tartt ! Je les ai donc tous lus. J’ai commencé par The Goldfinch (Le Chardonneret) puis j’ai lu Le Maître des Illusions et j’ai donc finalement emporté Le petit copain avec moi dans l’avion qui m’emmenait aux Antilles. Je lis souvent des avis très enthousiastes sur le second cité, mais je l’ai beaucoup moins aimé que The Goldfinch. Il me tardait donc de découvrir celui-ci !
J’ai emporté ce pavé pour occuper mes huit heures de vol et j’ai dévoré près de 500 pages. Impossible de résister. J’ai toujours aimé l’écriture de Donna Tartt et elle prouve ici une nouvelle fois son talent pour délivrer un portrait extrêmement détaillé du Sud des États-Unis et une époque révolue. J’ai rapidement pensé à Pat Conroy et à Harper Lee en tournant les pages.
J’avoue cependant que j’ai eu quelques difficultés à situer l’histoire, au début je pensais aux années 30-40 mais en fait nous sommes dans les années 60 car les relations interraciales semblent dater de cette époque comme les jeux des enfants. Mais passons ! Donna Tartt nous présente Harriet Cleve, une petite fille qui vit dans une petite ville du Mississippi. Harriet n’était qu’un bébé lorsqu’un drame familial a brisé sa famille. Son frère ainé, Robin, a été retrouvé pendu à un arbre dans le jardin, alors qu’un repas familial allait commencer. Charlotte, la mère, ne s’est jamais remise de la mort de son fils, brisée par le chagrin, elle s’est emmurée vivante. Elle passe ses journées enfermée dans sa chambre, confiant l’organisation et l’éducation des enfants à sa domestique, Ida Rhew, la cuisinière noire. Son époux a préféré fuir le domicile conjugal, en s’installant en ville. Quant à Allison, la sœur cadette, elle vit comme un fantôme et ne semble posséder aucune épaisseur. Harriet préfère donc la compagnie de sa grand-mère, Edie, qui est devenue amère à la mort de son petit-fils et aux sœurs de cette dernière. Deux d’entre elles vivent ensemble, et toutes vivent dans le voisinage de la petite fille. Harriet préfère aller prendre le petit-déjeuner chez elles plutôt que rester dans cette maison triste. Seule Ida, la domestique, lui apporte la chaleur et l’attention qu’elle recherche.
L’été de ses douze ans, Harriet, décide de résoudre le mystère de la mort de Robin – persuadée qu’il s’agit d’un meurtre et certaine de connaître le nom du meurtrier, elle embarque Hely, son unique et meilleur ami, dans l’aventure. Mais leurs investigations vont les mener bien plus loin qu’ils ne le croyaient, et les deux enfants vont bientôt devoir affronter un monde d’adulte menaçant et violent. Parallèlement, sa grand-mère et ses grandes-tantes vont décider de s’offrir des vacances et vont prendre la route.
Donna Tartt et les enfants : elle sait parfaitement nous mettre dans la tête d’une petite fille butée, en colère et souhaitant libérer sa famille de ce deuil interminable. Les libérer tous d’un poids immense de culpabilité. J’ai tout de suite accroché au personnage, à ses maladresses, ses erreurs, à son comportant souvent erroné comme envers Hely. Donna Tartt ne lui épargne rien, c’est un été compliqué, la jeune fille refuse d’aller une nouvelle fois en colonie de vacances. Elle a détesté ce camps réservé aux filles et préfère passer ses journées à vélo à enquêter sur la mort de son frère. Persuadée de connaître le nom de l’assassin, elle met en place un système de surveillance mais tous deux ignorent que les hommes qu’ils ont pris en chasse sont des criminels. Harriet et sa famille représentent cette Amérique blanche du Sud qui n’a pas su voir venir le mouvement des droits civils ou la révolution sexuelle. L’Histoire va les rattraper.
La petite fille est très attachante et sa quête de la « vérité » émouvante. On ressent ici son extrême solitude, elle grandit dans l’indifférence de sa famille, même sa sœur ainée semble incapable de démontrer le moindre sentiment. Au début, je me demandais quelle était l’explication derrière le titre du roman, mais la relation d’Hely et d’Harriet est le fil conducteur du roman. Harriet, peu habituée à la démonstration de sentiments, se comporte durement envers Hely. Autoritaire, elle aime qu’il lui obéisse aux doigts et à l’œil, mais le garçon grandit et pendant l’été, il prend ses distances. Une histoire en parallèle très belle et émouvante.
Ce qui est aussi formidable dans le roman, c’est la présence des quatre vieilles dames, des quatre sœurs. Certaines ont été mariées, d’autres pas. Elles ont toutes leurs caractères, leurs faiblesses, leurs petites habitudes. Honnêtement, j’arrivais, grâce au talent de la romancière américaine, à les visualiser toutes. J’aurais adoré une adaptation cinématographique de ce roman. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Edie, malgré son caractère acariâtre, son regard envers sa famille, son attention envers ses sœurs. Les passages les mettant en scène sont délicieux, je les ai adorés !
Comme dans The Goldfinch, Donna Tartt peint un portrait doux-amer de l’enfance, de la jeunesse et du rapport au monde. Le monde adulte est toujours menaçant, violent et rien ne sera épargnée à Harriet. Je ne dirais pas que l’histoire est triste, mais elle réserve des moments difficiles et la perte de l’innocence, est particulièrement exploitée ici.
J’aime toujours autant l’écriture de l’auteure américaine qui livre ici un roman foisonnant et dire qu’il va sans doute falloir encore attendre plusieurs années avant de pouvoir la lire à nouveau.
Si je n’ai pas ressenti le même coup de poing qu’à la lecture de The Goldfinch, j’ai adoré cette lecture, que je trouve également nettement supérieure au Maître des Illusions. J’ai même parfois l’impression que Tartt n’a pas écrit ce dernier.
Je comprends mieux à présent l’enthousiasme de Marie-Claude pour ce roman ! Elle qui adore les personnages d’enfants. Un roman à lire absolument.
J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge 50 États 50 romans, État du Mississippi.
♥♥♥♥♥
Editions Pocket, trad. Anne Rabinovitch, 864 pages
16 commentaires
La lecture de ton billet m’a rappelée pourquoi j’aime tant ce roman. Je suis ravie qu’il t’ait plu!
Ton choix de photos est top, une fois encore!
Merci ! Oui, je savais que tu l’adorais mais j’ignorais pourquoi à l’époque, maintenant je comprends mieux 😉 Quelle épopée. J’adore son écriture mais elle se fait trop rare !
Je n’ai lu que Le chardonneret et le maître des illusions ne me disait rien a priori. Grâce à toi, je peux aller directement à ce petit copain, je te fais confiance.
Oui on retrouve ici tout le talent de Donna Tartt. Certains adorent Le maître des illusions cependant
Ah Donna Tartt, j’en ai tellement entendu parler et je ne me suis jamais lancée! A ton avis, par lequel commencer? (et en plus ce sont des pavés.. 😀 )
Oui tous des pavés 😉 Je pense que celui-ci est un bon début – j’ai adoré le Chardonneret mais il peut « faire peur », celui-ci est plus abordable ! Ou si tu veux une enquête, le Maître des Illusions (je n’ai pas particulièrement accroché)
C’est aussi le seul roman de D. Tartt que je n’ai pas lu, donc après ton analyse je fonce ! Tartt est juste derrière Laura Kasischke dans mes « contemporaines » us favorites. Le Chardonneret est l’un de mes livres de chevet. Dire qu’il faut attendre si longtemps entre deux parutions …
Pareil ! Oui, en moyenne dix ans … elle est trop lente ! J’adore Le Chardonneret 😉
Je n’ai jamais été inspirée outre mesure par les romans de Donna Tartt, sans même savoir pourquoi. Peut-être parce que je les ai trop vus, surtout « The Goldfinch » !
Mais au fait, tu as changé le design de ton blog non ? 😉
Oui pas encore fini mais je m’en suis lassée. Je vais peut-être changer de thème. Pour Tartt Le Chardonneret fut une telle claque qu’elle est allée directe dans mes auteurs préférés
Lequel des 2 parmi Le Chardonneret et Le petit copain (mettons de côté Le maître des Illusions) a ta préférence?
Le Chardonneret a été pour moi une énorme claque, j’ai adoré cette épopée, c’est avec lui que j’ai découvert l’immense talent de Donna Tart.
Je garde celui-ci pour un jour, pour plus tard, mais forcément je le lirai.
Le Chardonneret comme toi ! Une vraie claque littéraire. Un tel niveau hâte de lire son prochain !
Toujours pas lu Donna Tartt. Mais si j’ai bien compris, il faut commencer par le Chardonneret 🙂
Oui tu as bien compris ! Un pavé je te préviens
Je l’ai lu il y a très longtemps (à sa parution il me semble) et je me souviens que j’avais été complètement happée par ce roman, je l’avais adoré…jusqu’à la fin, que j’avais trouvée ratée (mais pourquoi? je ne m’en souviens pas!)
ça vaudrait le coup que je le relise!
Ah ! Je pense que comme pour le Chardonneret elle n’offre pas la fin Attendue d’un thriller.
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