Je n’avais jamais lu David Malouf, immense auteur australien. Je le découvre aujourd’hui dans ce roman, publié il y a près de quarante ans et qui après toutes ces années, prouve qu’il s’agit d’un magnifique livre empreint de poésie et de lumière.
A travers la rencontre de trois personnages, différents (sexe, classe économique, éducation), mais tous amoureux de la nature sauvage et des oiseaux migrateurs. Ashley Crowther est un jeune australien, de retour d’Oxford pour gérer l’immense propriété familiale qu’il a quittée à l’âge de onze ans mais qu’il a toujours souhaité retrouver. Adulte, il découvre que sa propriété cache un véritable joyau : un sanctuaire pour oiseaux sauvages, des bécasses, des ibis, des martins-chasseurs et autres volatiles. Il y a trouve aussi, allongé dans l’herbe, un jeune homme du nom de Jim Saddler.
La vingtaine comme lui, il rechigne à aller travailler à l’usine et préfère observer pendant des heures ces magnifiques animaux qui viennent trouver refuge en Australie pendant les longs hivers avant de reprendre le chemin vers l’Europe.
Bien que très différent, les deux jeunes hommes découvrent leur passion commune et Jim accepte avec plaisir de devenir le garde de ce magnifique sanctuaire. Il est d’ailleurs allongé lorsqu’il sent le regard d’une personne inconnue, il s’agit d’Imogen, une photographe anglaise, vieille fille indépendante, amoureuse comme eux des oiseaux et passionnée de photos. Ils observaient tous deux le même oiseau et Jim, un peu désarçonné, accepte de suivre cette femme chez elle, et découvre la photographie.
Là-bas, derrière lui, à l’endroit où tous ces marécages se déversaient dans le Pacifique, il y avait le sable des dunes, maintenu par du pourpier violet et des buissons bleus, puis l’océan : sur des milles et des milles. L’on pouvait marcher pendant des heures le long de la blancheur sifflante des vagues sans jamais rencontrer âme qui vive. Rien que des bandes de mouettes et des huîtriers à long bec s’affairant au-dessus de la lumière humide.
Mais une autre réalité les rattrape bientôt : la première guerre mondiale vient d’éclater et personne n’y échappe. Jim rejoint un camp d’entraînement, suivi d’Ashley, officier, envoyé à Armentières. La guerre les fera se croiser à deux reprises. Seule et unique témoin de cette parenthèse heureuse, de ces moments de bonheur intense, Imogen.
Jim survit aux premières batailles, les oiseaux ont fui loin des tranchées mais un jour il voit une troupe d’oies sauvages le survoler. Il ferme les yeux et le voilà de retour sur ses terres marécageuses, fertiles, loin de ce bourbier.
Ce roman est sobre et magnifique, la première partie, située dans ces marais est juste sublime. Le style de l’auteur m’a emportée au loin, en Australie, au milieu de cette nature sauvage. David Malouf rappelle ici au lecteur à quel point le monde est beau, la nature est à couper le souffle. Il suffit simplement de s’arrêter et d’observer. J’adore écouter les oiseaux chanter et j’essaie souvent de les apercevoir, et j’ai adoré me retrouver avec ces êtres lumineux à parcourir le sanctuaire, à la recherche des ces animaux fascinants qui parcourent le monde en quelques battements d’ailes. Jim est en perpétuelle admiration devant ces animaux épris de liberté, et capables de parcourir la moitié du globale en quelques semaines.
Cela l’émerveillait. Une chose pareille. De pouvoir par une chaude journée de novembre avec le soleil lui brûlant le dos, la terre fourmillant sous lui et le paysage tout entier étincelant et stridulant, observer une créature qui, à peine quelques semaines plus tôt, se trouvait de l’autre côté de la Terre et avait trouvé sa route jusqu’ici en traversant toutes les cités d’Asie, franchissant des lacs, des déserts, des vallées encaissées entre de hautes chaînes de montagnes, survolant des océans sans le moindre point de repère, pour se poser précisément sur cette berge
La seconde partie est plus sombre, la guerre vient soudainement arracher toute trace de vie, arbres, bosquets, animaux au profit d’une terre sombre et boueuse. C’est la vision de l’humanité qui s’oppose à celle de la nature. David Malouf est un poète qui m’a fait voyager très haut, très haut et très loin dans le ciel.
♥♥♥
Editions Albin Michel, Fly away Peter, trad. Nadine Gassie, 2018, 234 pages
22 commentaires
La partie ‘oiseaux’ me plairait bien!
Elle est très belle ! J’ai eu envie de m’acheter plein de livres sur les oiseaux
Je veux! 🙂
J’adore ta dernière phrase …
Merci et c’est vrai !
J’en étais curieuse ( jamais cet auteur non plus ), je suis convaincue !
Merci ! oui moi aussi , je ne le connaissais pas, quelle erreur 🙂
Mr K l’a beaucoup aimé lui aussi. Je lui piquerai peut-être un jour 🙂
J’ai vu ! oui une bonne idée 🙂
J’ai beaucoup aimé Une rançon, ce livre-ci est aussi pour moi, c’est certain 😉
Je ne connais pas merci, du coup je note Une rançon – l’écriture est magnifique !
Les deux parties sont vraiment très différentes. Et la seconde a de loin ma préférence 😉
Amusant, car moi j’ai préféré la première et la toute fin aussi, mais moi les oiseaux ..la nature ! quelle claque !!
Très envie de lire ce roman aussi ! et comme il y a plein d’oiseaux dans mon jardin que je regarde depuis ma fenêtre, ça va m’enchanter encore plus !
Oui ! garanti un très beau dépaysement 🙂
voici le deuxième blog que je suis qui dit du bien de ce roman, je vais certainement le rencontrer à mon tour.
Oui, un pur moment de poésie – ça fait du bien de croiser un auteur qui écrit si bien 🙂 Je dois toujours t’indiquer d’où vient la photo de mon précédent article, je cours pas mal ces temps-ci. J’essaie de te répondre ce soir !
Tout le monde m’en dit du bien, et pourtant il me fait pas trop envie. Comme quoi !
Je connais ça avec d’autres livres (Girls, Chanson douce…) – mais il y en a tellement à qui tu rends hommage donc pas de regret 😉
Je ne connaissais pas, mais ton article donne envie de le découvrir…
Moi non plus. Mais il vaut le détour
J’ai entendu beaucoup de bien de La Rançon et ton billet achève de me convaincre de découvrir d’urgence cet auteur!!
Je veux lire la Rançon ! Son écriture est magnifique
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