Une disparition inquiétante • Dror Mishani

par Electra
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J’attendais patiemment de pouvoir lire ce policier suite au billet très positif de Marie-Claude. Une disparition inquiétantePremière enquête du commandant Avraham (la suite est donc déjà annoncée) se déroule à Holon en Israël.
Avraham « Avi » Avraham (vous lisez bien) est commandant à la brigade des mineurs de la ville d’Holon. Un soir, une dame très effacée Hannah Sharabi vient signaler la disparition de son fils aîné, Ofer. Celui-ci, âgé de 15 ans est parti au lycée comme tous les matins mais n’est pas revenu. Le commandant lui explique que son fils a sans doute fugué ou trouvé une petite amie, mais la mère décrit un fils sérieux et responsable, plutôt timide. Le lendemain, le jeune homme n’a toujours pas refait surface et son téléphone portable est resté dans sa chambre.
Peu à peu, le commandant comprend qu’il ne s’agit pas d’une fugue et qu’il est arrivé quelque chose à Ofer mais toutes les pistes explorées ne mènent à rien. L’homme interroge alors l’un des voisins de l’immeuble, Zeev Avni, professeur d’anglais qui avait donné des cours d’anglais au jeune Ofer. Celui-ci se montre plutôt empressé de parler au policier et participe de manière active aux recherches et aux battues. Peu à peu, le lecteur découvre la personnalité très trouble de ce trentenaire, marié à Mikhal, père d’un jeune enfant, qui se rêve écrivain et qui veut absolument participer à l’enquête.
Entre lui et Avraham commence alors un jeu étrange. Parallèlement, le commandant Avraham doit gérer dans son équipe la présence d’un jeune policier aux dents longues, Eyal Sharpstein et compte sur le soutien d’Eliyaou Maaloul, un vieux de la vieille. Chaperonné par son amie Ilana Liss, le commandant tente de comprendre ce qui a pu arriver à Ofer et surtout comprendre sa personnalité. La mère, très effacée, élève seule ses trois enfants, dont Danite, la soeur cadette lourdement handicapée lorsque son époux, mécanicien dans le transport maritime part pour de longues semaines en mer.
Je n’en dirais pas plus sous peine de révéler quelque peu l’histoire, mais sachez que ce livre est passionnant et foisonnant. Passionnant parce que Dror Mishani prend le temps, dans ce premier roman, de nous présenter son personnage principal, Avi Avraham (sa famille, son appartement, sa vie personnelle, sa rencontre avec Marianka, etc.) mais également son lieu de travail et ses collègues. Foisonnant car le romancier ne laisse pas de temps mort, et alterne entre Avi et Zeev.
« Ils se promenèrent dans les rues de Holon. Elle observa les immeubles, le visage des passants, les vêtements qu’ils portaient, comme si elle avait atterri à New York ou était en mission secrète. Ici, elle marchait moins vite qu’à Bruxelles. Ils allèrent partout sauf dans une rue où Avraham Avraham  ne pouvait pas retourner et qu’il s’arrangea pour éviter. » (p.312)
La personnalité de ce policier jeune (fin de la trentaine) est agréable et amusante. Ainsi, sa passion est-elle de regarder les séries policières américaines (ou les enquêtes d’Hercule Poirot) et de démonter toutes les intrigues et trouver de nouveaux coupables à la fin. Vivant seul, se consacrant à son travail, il est méticuleux et patient. A travers lui, le lecteur découvre la vie en Israël et on est assez loin de l’univers de Tel Aviv Suspects, autre polar israélien lu ce mois-ci. Si vous avez regardé la série américaine Law&Order avec l’inspecteur Goren (Vincent d’Onofrio), ils en ont en commun cette méticulosité et cette analyse psychologique, sociétale et comportementale des victimes et des suspects.
Le rythme n’est pas lent mais il est soutenu sans être pressant. J’ai aussi l’image de l’inspecteur Colombo en tête pour le côté brouillon du policier (il n’a pas un physique avantageux, il semble peu porter sur le style vestimentaire, il n’est pas charismatique).
Au début, j’ai eu un peu peur car le personnage de Zeev Avni m’horripilait, mais très vite j’ai été happée par l’enquête. Et surtout, j’ai beaucoup aimé le twist final où le romancier israélien surprend tout le monde et met en boite la lectrice que je suis.
Pour information, ce livre est sorti en poche récemment et je sais qu’une nouvelle enquête a été publiée récemment (en broché). J’ignore combien de temps vais-je pouvoir résister avant de me jeter dessus….

Seuil, traduction Laurence Sendrowicz, 320 pages

Et pourquoi pas

7 commentaires

Marie-Claude Rioux 28 avril 2015 - 12 h 09 min

Oh! Le twist final… Je ne l'ai tellement pas vu venir! Contente que tu aies aimé. Si je ne l'avais pas déjà lu, je me serais précipitée en librairie après lecture de ton billet!

Electra 28 avril 2015 - 12 h 11 min

Merci c'est gentil !

Moi non plus je n'ai rien vu venir et pourtant j'ai des années de pratique de lecture de polar comme quoi… et ça parait tellement sensé !
Hâte de lire le prochain

Gabriel 28 avril 2015 - 12 h 19 min

Ça l'air bon! 😀 J'aime comment tu parles du personnage, et puis un roman qui se passe en Israël je ne me rappelle pas en avoir lu.

Electra 28 avril 2015 - 12 h 21 min

Merci ! Oui, c'est dépaysant et ça permet de découvrir ce pays.

Le personnage peut paraitre un peu effacé au départ mais ensuite on s'attache (tant mieux car il revient dans d'autres aventures).

keisha 29 avril 2015 - 7 h 33 min

Il va bien falloir que je lise ces polars israeliens, pour changer!

Electra 29 avril 2015 - 7 h 34 min

Oui, ça nous change des pays nordiques ou de l'Amérique 😉

Les doutes d’Avraham ∴ Dror Mishani – Tombée du ciel 22 février 2017 - 7 h 14 min

[…] (je ne l’ai pas lu avant d’entamer le roman), je découvre que son premier roman, Une disparition inquiétante, va être adaptée au cinéma par Erick Zonca. Etrange d’imaginer que notre inspecteur va […]

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