Chose promise, chose due. Ma première traduction sera celle d’un article, publié initialement en 2013 et mis à jour en mai dernier. Le journaliste, Jared Bland du journal The Globe and Mail, a interviewé l’auteur canadien D.W Wilson, dont le roman, Balistique, a obtenu un beau succès et que j’ai chroniqué récemment. L’auteur étant présent au Festival America, j’ai lu avec intérêt l’interview et je vous en laisse en profiter.
D.Wilson, enfant de la vallée de Kootenay en Colombie-Britannique, a fait une entrée remarquée sur la scène littéraire avec son premier recueil de nouvelles, Once your break a knuckle. Le voici de retour avec son premier roman : Balistique. D.W Wilson, qui enseigne désormais des ateliers d’écriture, et donne des cours sur les jeux vidéos (oui!) à l’université de Victoria, se confie sur les multiples formes d’influences qui ont façonné son écriture.
Quand vous avez commencé à écrire, quelles sont les écrivains que vous admiriez ?
Hemingway, Munro, l’auteur de fantaisie, Guy Gavriel Kay, Eden Robinson, quelques oeuvres de Rudyard Kipling, quoique pas vraiment en fait. Raymond Carver, mais n’importe quel auteur de nouvelles va indubitablement le citer. J’avoue ne pas être très à l’aise si on aborde les auteurs classiques (un aveu), d’abord parce que je ne les ai pas étudiés à la fac, et puis, parce que, je ne sais pas, je suis paresseux ? En fait, ma plus grande influence est Tim Winton, que je rêve de rencontrer l’an prochain au festival de Perth, même si j’en suis malade.
Quelle est l’influence la plus dangereuse pour un jeune écrivain , ou le type d’influence qu’il faut craindre ?
Les personnes qui te disent : « Que vas-tu faire de ce diplôme? » – « Ecrire un roman, idiot » devrait-être la réponse automatique. Parfois, je me plais à rêver de revoir chaque diplômé en ingénierie au chômage qui m’a tenu ces propos et lui montrer mes deux livres. Je m’éloigne un peu de la question, mais je jure que cela doit venir d’une influence extérieure : les personnes qui ne considèrent pas l’écriture comme un véritable métier ou qui exècrent les études littéraires. Ou les gens qui vous disent : « J’ai lu ce super bouquin, The Da Vinci Code, tu devrais écrire ce genre de livres ». Ou pire : les écrivains qui tirent eux-même le boulet sur leurs métiers. Oui, un auteur va devoir travailler dur. Oui, il connaîtra des moments de doutes existentiels qui le paralyseront. Mais oui, il peut gagner sa vie en écrivant. J’ai l’étrange impression que pour une raison inexpliquée, ce message se perd en route. Peut-être suis-je trop jeune et naïf pour faire ce genre de déclaration, mais la morosité n’a jamais aidé qui que ce soit.
Quel livre, auquel on ne penserait pas immédiatement, aurait des points communs avec votre roman ? Un roman que l’on pourrait qualifier de lointain cousin du votre ?
Je pense que le premier roman de Marjorie Celona, Y, pourrait être un lointain cousin de Balistique. Les deux mettent en scène un enfant abandonné très jeune et qui des années plus tard part à la recherche de ses parents. Les deux présentent deux chronologies emmêlées, séparées d’environ dix ans. Les deux romans se situent dans l’Ouest canadien. Je pense également que nous savons tous les deux ce qui constitue un bon rythme et une bonne construction de phrases, en partie parce que nous sommes formés en tant qu’écrivains et en tant que lecteurs, ayant tous les deux suivi les cours de Lorna Jackson à l’université de Victoria.
Lorsque vous êtes en pleine phase d’écriture, changez/modifiez-vous parfois vos habitudes de lecture de peur d’être involontairement influencé ?
Je ne modifie pas mes habitudes intentionnellement, mais si je suis à court d’idées, je peux m’orienter vers des lectures éloignées de mes goûts, dans le fol espoir d’y trouver une quelconque idée. Ou alors, j’arrête tout simplement de lire, toujours involontairement, parce que je n’y arrive plus (je souligne constamment mes livres, je prends des notes, j’entoure ou je barre des mots, etc.) et parfois je ne me sens pas capable d’une telle concentration. Mais je n’en suis pas certain, je n’ai pas assez de recul pour répondre à cette question.
Cette interview a été condensée et éditée par le journaliste. Une caricature de l’auteur y figurait mais il ne la trouve pas super (vous pouvez la voir en cliquant sur le lien qui mène vers l’article original, moi j’aime bien). Du coup, j’ai choisi celle-ci.
Son premier roman, Balistique, a été publié aux éditions de l’Olivier en 2013.
Et excellente nouvelle, les éditions de l’Olivier publient son recueil de nouvelles en français, La souplesse des os, le 13 septembre prochain (et pour mes lectrices québécoises, il paraîtra au Canada le 22 octobre). J’espère qu’il sera disponible au Festival America !
12 commentaires
Quelle chouette initiative cette revue de presse ! Je note bien le nom de l’auteur ( et son roman après lecture de ton billet ! ) , je regarderai à Festival America 🙂
Super ! Merci 🙂 J’ai déjà une deuxième interview en tête. Son roman est très bien et très touchant, bon Festival America !
Merci Madame. Toujours agréable de lire des interviews. Sympa d’avoir traduit. Bon toujours pas lu balistique…lecture en mode tortue en ce moment 😟.
Tu as le droit ! Moi, j’ai eu une longue période tortue en juillet – j’ai deux périodes par an où mon cerveau a besoin d’une pause … ce soir, j’en fais une – pause BD et un peu de lecture (mais facile)
Cré Simone, qui gruge tout ton temps!
Oui ! MDR
C’est ça 🙄! Mais elle est tellement adorable à regarder découvrir les choses et ses cascades…à mourrir de rire !
Je prend des livres courts du coup, on verra…
Oui, je l’adore – et nos aventures recommencent la semaine prochaine !!!!
Oui, les livres courts c’est aussi une solution !
Super! Merci! C’est toujours intéressant de lire ce genre d’interview!
De rien, ça permet de mieux connaître un auteur et ses influences
C’était jouissif d’enfin bien comprendre ce qu’il a à dire. Tu sais à quel point j’ai apprécié « Balistique » et à quel point j’attends son recueil.
MERCI! Chouette de ta part d’avoir choisi Wilson pour cette première traduction!
De rien, oui je sais que tu vas pouvoir ainsi l’épater en lui disant que tu sais quelles sont ses influences 😉
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