Il est là ! Le printemps avec les arbres et plantes en fleur et le dernier né du quartet d’Ali Smith ! J’attendais avec impatience la sortie de son avant-dernier roman, Spring. Et j’ai eu de la chance, car il est paru le jour du printemps en France alors que certains l’attendent encore aux USA … Et bonne nouvelle, ils vont tous être traduits !
Après Autumn, Winter voici enfin le printemps ! J’étais impatiente, plus d’un an après de retrouver la prose enchantée d’Ali Smith. Et à chaque fois la magie opère. Avec elle, il faut être prêt à lâcher prise. Montrer un peu de patience, se laisser être embarqué dans le petit monde d’Ali Smith. L’éditeur britannique vous demande « qu’est-ce qui unit Katherine Mansfield, Charlie Chaplin, Shakespeare, Rilke, Beethoven, Brexit, le passé, le présent, le nord, le sud, l’est, l’ouest, un homme qui porte le deuil du temps perdu, une femme coincée dans les temps modernes? »
La réponse est dans le roman. Depuis le premier volet de son quartet, l’auteure écossaise s’interroge sur son pays, sa nation, le Brexit, la chasse aux immigrants, et l’art en général.
Le premier chapitre pourrait vous déstabiliser, on y entend un discours plein de haine, insultant. Puis on retrouve Richard, réalisateur de films. L’homme ne s’est pas remis de la mort de Paddy, une amie de longue date, une excellente scénariste. Celle-ci plus âgée a été emportée par un cancer. Les deux amis se sont connus et un peu fréquentés dans les années 70 (friends with benefits) puis Paddy s’est mariée, a eu des jumeaux mais Richard a toujours eu sa place. D’ailleurs, il débarque chez elle et s’invite à la veillée, dérangeant les fils de Paddy. Puis, Richard craque et quitte tout. La ville, sa voiture, son dernier projet, qui ne l’enchante guère.
Richard laisse tout derrière lui et embarque dans un train. Puis un autre, il se souvient juste que Paddy aimait un endroit en Ecosse. Richard est attachant et Paddy -Quelle femme ! Quel plaisir de découvrir cette femme intelligente, drôle et qui sait comment gérer cet éternel adolescent. Richard a été marié, a eu une fille. Mais son épouse l’a quittée et il n’a jamais revue sa fille. Pourtant Richard lui parle tous les jours et elle l’accompagne dans ce drôle de voyage.
Richard et Paddy parlent lecture, cinéma, sexe et vin ! On est tellement bien en leur compagnie que c’est difficile de les quitter, pourtant il le faut. Brittany nous attend dans le centre de rétention où elle travaille. La jeune femme sait que les personnes qui sont enfermées sont tous des migrants en attendre d’être renvoyées dans leur pays, mais qu’importe. Elle les ignore et aime blaguer à leur sujet. Elle est insensible à leurs cris, leurs plaidoyers. Elle fait son travail. Mais un jour, elle apprend qu’une enfant a réussi à s’introduire dans le centre et à en ressortir. Elle s’est adressées aux personnes détenues et même le personnel a été comme subjugué. Brit n’y croit pas. Mais le lendemain matin, sur le quai de la gare où elle attend le train qui l’emmène au travail, elle croise une petite fille et comprend qui elle est… Après quelques échanges, Brit accepte de tout quitter pour prendre le train avec Florence…..
Je ne peux pas en dire plus, les romans d’Ali Smith n’ont pas d’histoires linéaires – ici, elles s’entrecroisent perpétuellement. Les routes ne sont jamais tracées et il faut accepter de suivre nos personnages aveuglément. Comme dans les volets précédents, les dialogues sont savoureux et si drôles ! Pourtant, le portrait du Royaume-Uni que dresse l’auteure est triste et effrayant, sans doute le plus sombre des trois volets. Mais, après l’hiver, vient le printemps… et la vie renaît ..
Spring m’a pris un peu de vitesse, j’avoue mais j’ai aimé ça. J’aime bien être secouée. Il faut suivre les pensées de Richard et Brit, et surtout accepter d’être perpétuellement en mouvement ! Ali Smith est un témoin magnifique de la société britannique de nos jours. Mais ses inquiétudes sont les mêmes que nous partageons dans de nombreux pays européens, aussi le sujet vous parlera forcément. Et pour les connaisseurs, tous les noms cités en début de ce billet ont leur place.
Enfin, apparemment, si je ne me trompe pas, Grasset a acquis les droits ! Enfin, car pour moi c’était inimaginable que les Frogs (notre surnom) ne puissent pas lire en français sa plus belle oeuvre !
♥♥♥♥♥
Editions Hamish Hamilton, 2019, Seasonal Quartet, 352 pages
7 commentaires
Je patiente…
Oui ! tu auras finalement de la chance de les découvrir à ton tour 😉 Il ne m’en reste qu’un à présent .. je repense aux 3 et je pense que tu vas adorer Winter … on en reparlera !
Je suis contente d’apprendre qu’ils seront traduits! Je les vois depuis des années sur Instagram et ils me font vraiment envie! Selon toi, est-ce les bons titres pour apprivoiser cette autrice que je n’ai jamais lue? Bonne journée!
Oui moi aussi, je suis ravie car je sais que beaucoup ne lisent pas en anglais et nous sommes déjà au troisième mais j’imagine que la bataille entre éditeurs a du être rude !
J’ai commencé avec son oeuvre en lisant « Girl meets boy » (traduit en français aux éditions de l’Olivier avec le même titre) et j’ai beaucoup aimé. Son plus connu est « How to be both « (aussi traduit « Comment être double » , et sont également traduits « Le fait est » et « La loi de l’accident »
J’ai lu ses recueils de nouvelles mais je n’ai pas vu de traduction du coup je n’en parle pas ! Je dois encore How to be both et « le fait est » me fait très envie car il a l’air très drôle 🙂
Merci pour tes recommandations! Faut que je m’y mette! 🤗
De rien ! Bonnes lectures !
j’attends avec impatience la traduction!
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