Danses de guerre · Sherman Alexie

par Electra
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Il me tardait de sortir Sherman Alexie des étagères, j’avais le choix, le bleu de la couverture l’a emporté. Un recueil de nouvelles, oui et non. Car avec cette auteur, le vrai et le faux se mélangent.

Dans ce recueil, l’auteur explore la condition humaine et en particulier nos relations aux autres. Tout en s’attaquant aux mythes entourant les Indiens. La société américaine continue de les fantasmer en tenue de guerre, une hache à la main. Sherman Alexie raconte son enfance, sa découverte, sur le tard – de sa condition d’indien, mais il se sent surtout humain, un humain des villes. Il s’amuse à tordre le cou de nombreux préjugés.

Sherman Alexie s’amuse avec le lecteur, il nous fait parfois tourner en bourrique. Il semble raconter des pans de vie, des anecdotes mais le trickster (le filou, personnage symbolique de la culture indienne) n’est jamais loin. Il peut se montrer désopilant, fantaisiste, poétique. L’humour indien est parfois sec, ils aiment rires de tout, se moquer d’eux-mêmes. Comme lorsqu’on lui explique que suite à une encéphalite contractée alors qu’il était bébé, la membrane de son cerveau a légèrement enflé et qu’il s’agit probablement d’une tumeur  bénigne. Pas d’opération nécessaire mais à surveiller quand même, et sa soudaine perte d’audition, vient peut être de là ou pas. Les médecins le renvoient chez lui en lui disant que tout va bien. Réellement ?

Dans le Fils du sénateur, une des plus touchantes du recueil, l’auteur raconte les retrouvailles de deux anciens amis étudiants dans des conditions compliquées. Un soir, le personnage principal accepte de suivre deux copains dans une expédition punitive homophobe. Ils s’en prennent à un couple dans une voiture, et le héros y reconnaît son meilleur ami du lycée. Le conducteur sait se battre et tout le monde fuit. Le héros s’en veut et se remémore leur dernière sortie en voiture lorsque son ami lui avait avoué son homosexualité.

Dans une autre histoire, il raconte l’histoire de ce jeune lycéen noir, entré par effraction dans le sous-sol du personnage principal. Ce dernier qui dormait, avait entendu le raffut et s’était muni d’une batte de base-ball, un seul coup lui sera fatal. L’homme est dévasté. Les journaux parlaient de ce gamin noir et de la victime blanche. Mais il n’est pas blanc, il est indien et tient à le faire savoir. Aux journaux. Lui aussi fait partie des minorités.

Il y a aussi de la poésie et puis il y aussi Une autre proclamation, celle du Président Lincoln. Celle que les livres d’histoire ont oublié. En 1862, le Président avait autorisé la plus grande exécution publique de « mulâtres, sang-mêlés et indiens »

Et juste de pendre trente-huit Sioux . Oui, devant une large foule qui applaudit, trente-huit Indiens sont morts au bout d’une corde, trente-huit nuques se sont brisées. Mais avant de mourir, trente-huit Indiens ont entonné leur chant de mort. Pouvez-vous imaginez la cacophonie de trente-huit chants de mort différents ?

Et puis Sherman vous fait sourire avec l’histoire du chien invisible au bout de la laisse. Et puis cet homme qui tombe amoureux dans un aéroport. Il y en a encore tant d’autres ! Elles ne font parfois que deux pages. Sherman est un magicien des mots.

Certains le disent mieux que moi : « Sherman Alexie écrit à fleur de peau des histoires débordantes de tendresse. Sombres mais jamais larmoyantes. Et souvent pétries d’humour, cet antiseptique qui nettoie les plus profondes des blessures. » L’Express

« Son humour est irrévérencieux, sa hargne sans fin. Ironique, provocateur, il n’embellit jamais la réalité, les envies d’intégration ratées, la sensation d’être un étranger partout. » Lire

♥♥♥

Editions Albin Michel, War Dances, trad. Michel Lederer, 2011, 208 pages

Et pourquoi pas

11 commentaires

keisha 13 mai 2019 - 2 h 34 min

Lu! Mais sans billet!

Electra 13 mai 2019 - 12 h 55 min

quelle idée saugrenue 😉

Autist Reading 13 mai 2019 - 10 h 14 min

Évidemment, j’ai, moi aussi, plusieurs titre de Sherman Alexie dans ma PAL. Mais va comprendre, je ne l’ai encore jamais lu !

Electra 13 mai 2019 - 12 h 55 min

alors commence par ses nouvelles, elles sont excellentes !

Lili 15 mai 2019 - 7 h 58 min

Ton billet est très inspirant, je note ! Il faudrait aussi que je sorte le titre d’Alexie que j’ai depuis mille ans dans ma PAL..

Electra 15 mai 2019 - 11 h 17 min

super ! quel titre ? J’adore cet auteur- j’ai déniché ici une collection de ses essais, et j’aime la manière dont il voit la vie 🙂

Marie-Claude 15 mai 2019 - 21 h 05 min

Tu m’a convaincu. Il retourne dans ma PAL!

Electra 16 mai 2019 - 9 h 22 min

oh oui, tu vas bien rire en sa compagnie !

Jérôme 22 mai 2019 - 6 h 26 min

Tu sais à quel point j’idolâtre Sherman Alexie ! Je me désole de ne plus rien avoir à lire de lui depuis bien trop longtemps !!!!!

Electra 22 mai 2019 - 21 h 25 min

il a publié son mémoire et des essais mais non traduits je crois …

Challenge Nation Indienne ∴ point d'étape - la nuit je mens 8 juillet 2019 - 6 h 46 min

[…] laissé éclater sa colère dans Indian Killer mais sait aussi me faire rire dans ses essais comme Danses de Guerre et m’émouvoir avec Flight.  Et je ne peux pas ne pas citer Là-haut vers le Nord, le […]

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