Je suis assez attirée par la Corée du Sud, pour Séoul, pour sa relation avec la Corée du Nord et pour son cinéma. Mais je sais aussi, que, comme pour le Japon, les deux pays à la pointe de la technologie, demeurent très traditionalistes dans leurs cultures respectives, surtout envers les femmes.
Je me souviens de mes deux amies japonaises à la faculté, qui n’étaient absolument pas pressées de retourner au Japon. L’une d’elle, fiancée, savait d’ores et déjà qu’elle devrait arrêter ses études après son mariage pour élever leurs futures enfants. Pourtant, elle rêvait d’une grande carrière dans la médecine. Quittons le Japon pour la Corée du Sud.
Kim Jiyoung, née en 1982, est avec son mari et sa fille en visite chez ses beaux-parents. La jeune femme est très vite reléguée à la cuisine où elle prépare les repas avec sa belle-mère. Cette dernière plaint son fils qui doit travailler très dur et promet à la jeune femme que son prochain enfant sera un garçon. Lorsque sa belle-soeur arrive et demande à Jiyoung si elle est fatiguée de devoir passer son temps à cuisiner, cette dernière craque. Le couple quitte précipitamment la belle-famille et rentre à Séoul. Jiyoung parle d’elle à son mari à la troisième personne et explique à ce dernier que son épouse est très fatiguée, déprimée. Pourquoi ? Jiyoung a 33 ans, un mari aimant, une petite fille adorable….
Je vous avoue que le style du livre m’a vraiment déstabilisé, au tout début. Je m’étais très peu renseignée sur l’histoire mais finalement je ne le regrette pas. Car j’ai sans doute mieux profiter de la fin. Aussi, je vais juste dire que le style est froid, impersonnel, factuel, clinique. La vie de Jiyoung (prénom le plus donné en 1982) vous est déroulée ainsi : l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte et enfin le mariage. Ce qui peut forcément déstabiliser la lecture, mais très vite je me suis habituée s’habitue tout en étant choquée par la misogynie et le patriarcat qui guident toute la vie de la jeune femme.
Si je connaissais déjà en partie certains faits sur la Corée du Sud, comme le fait que les femmes doivent mettre fin à leur carrière pour élever leurs enfants, j’ignorais bien d’autres éléments. Ce roman, perturbant, montre une Corée du Sud sexiste, perverse qui sacrifie le bonheur des femmes au profit de celui des hommes. On reconnaît forcément une partie des faits, le sexisme est aussi présent en France mais ici on voit comment les femmes sont sacrifiées pour la réussite des fils. Impressionnant et la fin ? Un dernier coup de poing.
Le livre a été traduit en français (titre éponyme) et publié aux éditions Nil en janvier ; donc ne vous privez pas de cette lecture. Sur ma liseuse, il m’a fallu à peine 1h30.
♥♥♥
Kindle, Editions Scribner, 2020, 176 pages
10 commentaires
J’ai failli l’acheter en mai, et puis je l’ai reposé. J’aurais dû, quand je lis ta critique !
(je peux encore me rattraper 😉 )
Oui tout à fait !
un livre que j’avais repéré à sa sortie, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire! c’est drôle j’étais persuadée que c’était un pavé, alors qu’il est très court…je vais essayer de le lire cet été !
Oui il est très court ! Quand j’ai vu 1h30 sur ma liseuse, cela m’a aussi surpris.
Nan, même pour seulement 1h30. Mettre le nez dans tout ce qui me dérange de la culture coréenne (et japonaise, car il y a de nombreuses similitudes), non merci, et certainement pas en ce moment. Je passe mon tour.
Mdr 😂 bon du coup tu veux ne voir que leurs bons côtés alors ?
Et encore, pas tous les jours ! 😂
Bon alors ok. Tu as le droit de passer ton chemin et rêver de bibimbap 😂
C’est vrai que les premières pages sont déstabilisantes… Mais le sujet m’a passionné car j’ignorais beaucoup de la situation actuelle en Corée du Sud.
Oui, c’est le mot déstabilisant mais après avec les statistiques, on découvre l’envers du décor. Plutôt effrayant.
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