Après avoir lu et beaucoup aimé En attendant Eden du même auteur, j’étais ravie de retrouver Elliot Ackerman malgré le sujet de ce roman qui nous emmène à la frontière turco-syrienne au début du conflit syrien.
Haris Abadi a obtenu l’asile et la nationalité américaine après avoir servi l’armée américaine comme interprète pendant le conflit en Irak. Mais Haris est incapable d’y trouver sa place. Il sait dorénavant que sa petite soeur y est en sécurité et décide de tout quitter pour aller combattre le régime de Bachar-al-Assad au début du conflit syrien. Mais lorsqu’il arrive à la frontière turco-syrienne, son passeur le dépouille de tout son argent et de son passeport américain alors qu’il tente de passer la frontière. Haris est profondément choqué. Il est sauvé par réfugiés syriens et trouve un soutien en la personne d’Amir. Syrien, l’homme a quitté la Syrie après la mort violente de sa petite fille. Sa femme, Daphné, médecin, ne trouve plus le repos.
Alors que Haris tente de trouver l’argent pour de nouveau tenter un passage en terres syrienne, il découvre la vie de ces réfugiés qui errent toute la journée, sans-abris, oubliés de tous. Il découvre l’hôpital qui les soigne dans ses sous-sols et apprend à connaître Daphné qui refuse d’admettre la mort de son enfant. Blessée, elle n’a jamais vu le corps de sa fille. Peu à peu, Haris et elle se rapprochent, unis par un lien invisible qui les ramène en Syrie.
Haris a découvert que son passeur était en réalité un membre de Daesh qui commence à contrôler les frontières et à mener un nouveau combat pour prendre le pouvoir en Syrie. Mais rien ne semble arrêter cet Américain, qui ne peut jamais expliquer à des Syriens curieux pourquoi il souhaite prendre les armes. Est-il en quête d’une cause ? Ou alors tente-t-il d’expier ses fautes qu’il pense avoir commis en travaillant pour les Américains ?
Ancien soldat, Elliot Ackerman qui est allé combattre en Irak et en Afghanistan maîtrise le sujet, la violence des combattants, leur amour de la guerre (peu importe l’uniforme qu’ils portent), la détresse des réfugiés. Un livre, une nouvelle fois pudique et très intimiste, qui dresse un portrait sans fard d’un pays déchiré où les enfants tentent de survivre en vous vendant un briquet, où les mourants sont cachés dans les sous-sols de l’hôpital, où une mère cherche son enfant. Un passage aux multiples interprétations. Un roman puissant, parfois dérangeant, qui vous hante après l’avoir lu.
♥♥♥
Editions Gallmeister, Dark at the crossing, trad. J.Jouin-De Laurens, 2012020, 320 pages
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8 commentaires
On est une nouvelle fois en phase sur cet auteur. J’aimerais bien lire son essai ainsi que certains de ses articles de presse.
Oui ! oui moi aussi, il est réputé – quelle carrière 🙂
Tu sais déjà ce que je pense.
En passant, petit rappel: je trouve ton blogue magnifique! On s’y sent bien. Si tu n’avais pas pris ce thème je l’aurais fait!
MDR pour le thème ! Pour une débutant sur WP, tu as été ultra rapide ! J’adore aussi ton blogue et te lire tu le sais bien. Pour ce roman, oui mais j’ai encore un doute mais bon si je t’ai donné envie !
J’avais aimé aussi En attendant Eden, j’y avais trouvé beaucoup de pudeur. Ton avis me donne envie de lire celui-ci aussi!
Oui, et la pudeur est toujours très présente ! Une sensibilité à part
J’ai déjà noté ce roman.
Bien, intéressant de voir comment un ex-soldat perçoit dorénavant les conflits !
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