C’est Sunalee qui nous a proposé, au Caribou et à moi-même de lire ce roman signé Naomi Fontaine. J’ai rencontré l’autrice au Festival America et j’avais beaucoup aimé Manikanetish, aussi j’avais hâte de lire ce livre.
Premièrement, j’avoue que les deux livres sont très proches, et tout d’eux abordent la situation d’un peuple autochtone, les Innus : la disparition d’un mode de vie, d’une culture, le désoeuvrement, la pauvreté, les grossesses précoces, suicide, alcool, la fuite vers les grandes villes…
Dans ce roman, qui se présente comme un journal intime, où une jeune femme confie ses doutes, son désarroi, j’ai, j’avoue plus de mal à accrocher. J’ai trouvé la première partie très décousue. Le récit se présente sous forme de vignettes. Des phrases jetées pêle-mêle, sans fil conducteur. Même si certaines sont très belles, et résument parfaitement le sentiment que vivent sans doute de nombreux habitants de ces réserves indigènes canadiennes, il m’a manqué un point d’ancrage. La deuxième partie m’a plus parlé, le récit était plus cohérent et j’ai enfin trouvé un intérêt à lire ce livre.
Un chant triste, sorte de cri au coeur. Comparable au blues. La langue innue presque chantée, aux intonations lentes, celles qu’on fait durer par des respires. Le manque de voyelles rend la langue impénétrable, comme un rappel à la nature, la dureté, l’écorce et les panaches.
J’avoue, malgré la beauté du texte, la profondeur de la détresse exprimée, j’ai eu le sentiment de passer vraiment à côté de cette lecture. Tout l’inverse de ma première lecture, Manikanetish. Je ne sais pas comment l’expliquer. J’ai pourtant été touchée par le désarroi, ainsi lorsqu’elle explique les grossesses précoces : un besoin d’amour, mais également aussi l’assurance de toucher de l’argent du gouvernement.
Je voudrais lui dire que je sais. Pourquoi je me tais. Le silence. Je voudrais écrire le silence.
Je lirai probablement son prochain. J’avais beaucoup aimé sa participation et son intervention lors d’un échange au Festival America. Pour information, une enquête a été menée en 2015 suite à plusieurs suicides ayant eu lieu dans la communauté de Uashat-Maliotenam.
Ce livre me permet de continuer mon challenge #nation indienne.
♥♥(♥)
Editions Mémoires d’Encrier, 2011, 113 pages
13 commentaires
[…] lecture commune avec Electra et […]
Peut-être que c’est parce que c’est le premier livre que je lis de Naomi Fontaine que j’ai mieux accroché que toi ? Mais j’avoue que même si j’ai beaucoup aimé, je l’ai trouvé trop court pour qu’il fasse une longue impression.
Oui sans doute. Lis les autres. Effectivement il est court et avec le recul, j’ai déjà oublié une partie du texte. J’avais beaucoup aimé l’autre à l’inverse
Je garde un souvenir ému de son intervention au Festival America
J’ai lu tous ses livres ( je pense..) et ceux-ci me touchent à chaque fois.
J’espère que tu trouveras Shuni convaincant.
Oui ! Je l’ai vue aussi au Festival. Je vais lire Shuni. J’ai beaucoup aimé Manikanetish 😊
Je l’ai lu après avoir entendu plusieurs l’autrice dans l’émission Plus on est de fous, plus on lit que j’écoutais en podcast (en balado!). J’ai eu vraiment du mal aussi avec la narration décousue et du coup j’ai eu l’impression de passer un peu à côté.
J’essaierai peut-être Manikanetish…
Oui, car Manikanetish avait une histoire, une ligne à suivre tout en mettant en avant les mêmes problèmes (grossesse adolescente, pauvreté, etc.) et du coup j’avais vraiment aimé.
Bon ben, ce n’était pas très heureux comme LC! J’ai vu le film avec Maud après ma lecture. Si elle, elle a été bon public, moi j’ai ragé tout du long. Les lieux communs et les clichés m’ont achevée.
Shuni ressemble plus à Manikanetish. Il devrait te plaire.
Ah bon ? Zut alors ! Mais l’autrice a-t-elle participé au scénario ? Bizarre. Sunalee le sait ?
Ouf pour Shuni. Toi et moi on a eu le même ressenti en tout cas !
Ton avis est en effet très proche de celui du Caribou. Du coup je passe, je lirai plutôt Manikanetish. Et j’ai beaucoup aimé « Shuni » de cette auteure.
Oui, et moi je vais lire Shuni du coup !
Tu sembles aussi enthousiaste que Marie-Claude… J’avais aimé Manikanetish, je me laisserai peut-être tenter par Shuni d’abord.
Oui hélas ! Mais je vais lire Shuni, car j’avais aussi aimé Manikanetish du coup, je peux de nouveau être emballée 🙂
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