C’est l’été. Un été torride dans cette petite ville de Lorraine au bord de la Moselle. Dans une cité ouvrière, une petite fille s’ennuie. Comme terrain de jeu, c’est un champ qui s’offre à elle. Un champ qui symbole la séparation, entre les maisonnettes, toutes identiques, où elle habite et un grand immeuble, une « barre » où vivent les familles algériennes.
Les familles ne se fréquentent pas, pas de mélange. C’est entendu. Pourtant, c’est ce qui va se passer. La petite fille va croiser la route de Saïd. Et les enfants vont peu à peu se rapprocher pour ensuite devenir camarades de jeux. Mais elle sait qu’elle n’a pas le droit, pas le droit d’en parler à ses grands frères qui rendent leur mère folle, pas le droit d’en parler à ses parents. Le racisme commun. On veut bien de leurs bras et de leur sueur, mais on ne veut pas d’eux, de leur culture, de leur accent.
Alors les enfants se cachent pour jouer dans ce champ. Ils se construisent un monde, loin des adultes, de la méchanceté, loin de l’ignorance. » Le champ, notre terrain de jeu de tous les jours, nous attendait. Il séparait notre rangée de maisonnettes, toutes pareilles, toits pentus et jardinets étroits, du grand immeuble construit sur la ville d’à côté. Une barre, plus longue que haute, qui accueillait les familles algériennes. »
Alors les deux enfants s’invente un monde, leur monde, loin des adultes et de leur haine.
Ce serait l’Amazonie, il y aurait des crocodiles et des hippopotames. On serait des explorateurs poursuivis par des méchants. On pêcherait du poisson pour vivre. Puis il y aurait une tempête avec du courant très fort. Le bateau tanguerait, il faut s’accrocher au bord. Ne pas tomber dans l’eau à cause des piranhas qui vous dévore en cinq minutes, reste plus que les os. On s’invente des histoires qui ressemblent au film du dimanche soir.
Un superbe roman, très court, magnifique. Une lecture très forte qui m’a bouleversée il y a quelque temps. J’ai eu la chance de grandir dans une famille ouverte et tolérante. Le meilleur ami de mon frère s’appelait Saïd, et Zora sa soeur était mon amie. J’ai pensé à eux en lisant ce récit. Ce livre est une véritable ode à l’altérité et à l’amour. Je le verrai parfaitement inscrit au programme de lecture de collégien (13-14 ans).
♥♥♥♥
Editions La Fosse aux Ours, 2023, 70 pages
Photo de David Grandmougin sur Unsplash
4 commentaires
De retour ? Chic ! Et avec un titre que je m’empresse de noter..
à petit pas .. oui, il est magnifique ! et très court, j’en lis un autre, aussi court ! un billet la semaine prochaine
Tes billets lecture m’ont manqué, j’espère que celui-ci annonce un retour !
merci ! on y croit ! des livres courts, pour mon cerveau fatigué .. mais des bons !
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