The Wager · David Grann

par Electra
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Mes retrouvailles avec David Grann ont une nouvelle fois été fructueuses. Lorsque j’ai décidé que 2024 serait l’année du retour à la lecture, c’est ce récit inspiré d’un fait réel qui m’a donné envie. Parce que j’ai déjà lu toute l’oeuvre (ou presque) de David Grann, je savais que ma lecture serait un gage de plaisir.

Et David ne me déçoit jamais. Et puis, l’histoire m’a tout de suite plu : celle du Wager, un navire de l’Empire Britannique, envoyé par le Royaume pour attaquer les navires espagnols sur la côte chilienne. Nous sommes en 1740 et le Royaume-Uni a déclaré la guerre à l’Espagne. Une armada est constituée de plusieurs navires, mais à l’époque, les temps sont durs. L’armée manque de main d’oeuvre, et on va même recourir aux kidnapping pour avoir le nombre suffisants de matelots à bord. Or à l’époque partir voyager à travers le globe était en soi déjà un immense risque, on ne pouvait même pas envisager ensuite l’étape du combat. Entre le scorbut, la météorologie et la nature déchainée, peu d’hommes et de navires tiendront le coup. Les morts s’enchaineront, la maladie, puis la famine, le froid, et enfin le naufrage.

Car The Wager va se retrouve bientôt seul dans ce croisement d’océans (Pacifique et Atlantique), où les vents,  sous une pluie battante, sous un enchainement de tempêtes, viendront empêcher le Wager de contourner le Cap Horn.  Nommé après une première série de décès chez les officiers – le Lieutenant Cheap a promis de retrouver l’Amiral George Anson, installé à bord du plus grand navire, le Commodore sur les côtes chiliennes. Mais le destin en décidera autrement. Les quelques rares survivants vont échouer sur une île inhabitée, fouettée par les vents, et dont la nature inhospitalière prive les hommes des ressources simples, telle que l’eau, les fruits ou les animaux. Rien ne semble survivre sur cette île.

Cheap souhaite rester le maître à bord : il organise la vie à terre : il fait ramener du navire échoué, le peu de nourriture encore présent, les armes, nombreuses qu’il fait garder jour et nuit, et même l’alcool. Seuls quelques officiers ont le droit d’être armés. Parmi les survivants se trouvent des hommes qui ne sont pas militaires et ont décidé d’aller s’enfoncer plus loin dans la jungle et de ne plus obéir à la Couronne Britannique. Mais le malheur viendra d’un groupe d’hommes sur la plage qui vont rapidement défier l’autorité de Cheap. Le manque de nourriture transforme ces hommes éduqués et civils en animaux sauvages. La plupart n’ont plus que la peau sur les os et comment à délirer, avoir des hallucinations. Rapidement, certains tentent de voler la nourriture et l’alcool rend fou les derniers résistants. Il faut quitter cette île de la Misère, c’est l’unique solution…

Je ne vous raconte pas la suite. Je vous rappelle juste la réalité, ici le code maritime s’impose : tout homme qui rentrera en Angleterre sera jugé et pendu pour trahison. Mais les trois-quart des marins veulent retourner au pays et opteront pour une autre solution..

En 1742, plus de deux ans après leur départ, une poignée d’entre eux débarquera sur les plages du Brésil, avec une histoire incroyable à raconter. Mais ils ne seront pas les seuls et d’autres témoigneront à leur tour d’une toute autre histoire. S’ouvrira alors un procès en Angleterre, pour déterminer quelle vérité est la bonne…

In 1757, Admiral John Byng would be executed after being found guilty of failing to do his utmost during battle, prompting Voltaire to remark in Candide that the English believed it proper to « kill an admiral from time to time in order to encourage the others ».

David Grann a réussi encore un tour de force avec ce récit. Après des années de recherches et de notes, il réussit à raconter l’histoire de ce navire et de ses hommes.  Lectrice, je me suis cru dans un film d’action : on tremble avec ces hommes faces à ces courants hurlants, on a froid et faim avec eux et on veut croire à leur survie. Mais les morts s’enchaînent et la violence de la vie sur ces navires est telle qu’on est parfois dégouté. J’ai dévoré ce récit en cinq jours, et surtout j’ai vraiment eu du plaisir, malgré le sujet grave qui n’épargne aucun détail au lecteur, à retourner à bord avec ces hommes.

Si j’ai grandi en entendant parler du Bounty, je suis ravie d’apprendre l’histoire du Wager.

♥♥♥♥

Editions Simon&Schuster, 2023, 330 pages

Photo de Matt Hardy sur Unsplash

 

Et pourquoi pas

26 commentaires

Sandrine 21 janvier 2024 - 22 h 24 min

Voilà qui semble passionnant. Je n’ai encore jamais lu David Grann, mais on m’a conseillé « La note américaine », je vais donc commencer par celui-là. Il a aussi tout pour me plaire.

Electra 22 janvier 2024 - 10 h 13 min

Oui, c’est un de mes préférés ! J’aime beaucoup son style et le choix de ses investigations ! Un style très fluide et on ressort toujours en ayant appris plein de choses

je lis je blogue 22 janvier 2024 - 6 h 53 min

J’ai prévu de lire ce roman très bientôt d’autant qu’il est dispo à la bibli. J’avais beaucoup apprécié « La note américaine »

Electra 22 janvier 2024 - 10 h 14 min

Tu vas aimer celui-ci même si le sujet est à dix mille lieues du premier. J’ai adoré en apprendre autant sur la vie de ces matelots à cette époque.

keisha 22 janvier 2024 - 7 h 13 min

Je veux le lire, mais je ne suis pas la seule, le livre est emprunté. En attendant, j’ai dévoré Pour mourir, le monde, avec la aussi de beaux naufrages (lus sur un canapé, ça va)

Electra 22 janvier 2024 - 11 h 05 min

je ne connaissais pas le roman que tu cites, mais en ayant lu la quatrième, oui je vois que tu as été aussi sur les mers – pour les délais d’attente à la bibli, j’ai battu un record l’an dernier après 6 mois d’attente, ils ont tout simplement supprimé ma résa ! J’espère que tu seras plus chanceuse que moi

Sunalee 22 janvier 2024 - 8 h 53 min

J’ai arrêté ma lecture de ton billet au troisième paragraphe: j’en suis là dans ma lecture du livre, la tempête va commencer.
Comme toi, j’aime beaucoup David Grann !

Electra 22 janvier 2024 - 11 h 06 min

ah oui tu as eu raison ! en me relisant hier, j’ai réalisé que j’en avais trop dit, du coup j’ai fait une coupe tranche .. bon courage avec la tempête ! tu es partie pour une aventure folle !
Hâte de lire ton avis. Oui Grann est génial 🙂

Kathel 22 janvier 2024 - 9 h 06 min

J’ai été épatée par Le note américaine, et je suis impatiente de lire celui-ci que j’ai réservé à la médiathèque…

Electra 22 janvier 2024 - 11 h 38 min

Oui ! Il est passionnant. Le sujet est très différent et ça secoue pas mal mais c’est super !

Ingannmic 22 janvier 2024 - 13 h 15 min

Je n’avais pas besoin d’être convaincue, j’ai prévu de le lire depuis sa sortie (même s’il est probable que j’attende sa sortie poche, c’est plus pratique à transporter !), mais je suis tout de même ravie de constater que tu valides !!

Electra 22 janvier 2024 - 15 h 36 min

Oui, j’attends aussi si je peux les version Poche, car sinon je trouve ça lourd à transporter – ici la version anglaise est assez petite. Tu le liras tranquillement après la vague médiatique !

Austis Reading 22 janvier 2024 - 14 h 05 min

J’ai bien aimé ce récit mais je lui ai préféré Endurance: L’incroyable voyage de Shackleton, d’Alfred Lansing que j’avais lu quelques semaines auparavant.
Il y aussi le fameux naufrage du Batavia dont l’histoire hallucinante a donné lieu à deux ouvrages : L’archipel des hérétiques, de Mike Dash (épuisé, dispo en occasion uniquement) et Les Naufragés du Batavia, de Simon Leys, qui est déjà sorti en poche, que je compte bien lire cette année.

Electra 22 janvier 2024 - 15 h 41 min

Ok, je n’ai pas lu Alfred Lansing mais j’ai lu The White Darkness de David Grann qui revient sur l’expédition de Henry Worsley, qui a repris la même route que Shackleton .. le monde est décidément petit. L’as-tu lu ?
Pour le Batavia, je connais l’histoire de nom mais pas en détail, du coup je vais attendre ton avis sur tes lectures. Celui de Mike Dash, as-tu aussi cherché la version anglaise ?
J’ai pensé à toi en lisant the Wager car tous mes cours d’anglais sur les noms techniques (mât, quille, etc.) me sont revenus mais je comprends que ça complique la lecture.

Autist Reading 22 janvier 2024 - 16 h 54 min

Je n’ai pas encore lu The White Darkness mais je pense que je lirai Dash ou/et Leys avant, histoire de changer un peu de décor.

Electra 22 janvier 2024 - 23 h 43 min

yes, tu as raison – parfois il est bon de mettre de la distance entre des lectures sur les mêmes thèmes

Fanja 22 janvier 2024 - 22 h 25 min

Ce récit m’a passionnée aussi ! J’ai vibré tout le long, oui, c’était aussi efficace qu’un film d’action. Je comprends d’ailleurs qu’une adaptation ciné soit prévue.:)

Electra 22 janvier 2024 - 23 h 47 min

Yes, je vais retourner voir ton billet du coup, je n’avais pas voulu le lire en entier car je le commençais tout juste. Oui, ce qui m’impressionne chez Grann c’est les années qu’il peut dédier à un projet et puis à chaque fois, il se déplace même si c’est un petit rocher au bout du monde. Impressionnant.

Fanja 23 janvier 2024 - 22 h 44 min

J’avoue que je n’aurais jamais imaginé qu’il irait sur cette île ! Le fou ! 😆 Enfin, le perfectionniste, disons.

Marie-Claude Rioux 24 janvier 2024 - 22 h 18 min

C’en est fait. Tu m’as finalement convaincu. Je veux absolument le lire. Je viens de le commander.

Electra 27 janvier 2024 - 13 h 57 min

ah super ! Loin de tes habitudes, mais ça va ta tanguer ! Accroche-toi bien 🙂

Marie-Claude 27 janvier 2024 - 4 h 07 min

Ben dis donc, il est passé où, mon commentaire?

Electra 27 janvier 2024 - 13 h 57 min

Bonne question ! Mon blog ne te reconnaissait pas ! ce qui arrive quand on disparaît si longtemps 😉

Marie-Claude 28 janvier 2024 - 18 h 30 min

Maintenant, il semble bien m’avoir reconnu!

Jérôme 27 janvier 2024 - 9 h 34 min

Dès qu’il sort en poche, je me jette dessus !

Electra 27 janvier 2024 - 13 h 58 min

Oui ! super, tu vas dévorer les pages, je le sens !

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