Assembly · Natasha Brown

J’ai trouvé ce livre dans une très jolie librairie à Berlin. il y a quelques mois. Je l’avais déjà vu à quelques reprises sur la toile et j’ai finalement décidé de l’acheter. J’avoue je n’ai même pas lu la quatrième de couverture, je n’ai pas cherché à connaître l’histoire.

Ecrit à la forme narrative du « je », le personnage principal est une jeune femme noire britannique. Elle semble avoir une vie rêvée : un très bon job dans la city londonienne et un petit ami amoureux, fils d’une famille très aisée. Mais un rendez-vous chez un onconlogue va venir bouleverser sa vie.

Est-elle vraiment heureuse ? La société a-t-elle accepté son succès ? Pas sûr. Son collègue lui rappelle que sa promotion est du uniquement à la fameuse discrimination positive. Elle n’a jamais su quoi répondre à ce genre de remarques racistes. Ni aux « Go home » (rentre dans ton pays) trop souvent entendus alors qu’elle est née ici. Peu à peu, refait surface dans sa tête toute cette violence cachée derrière un discours maîtrisé : celui de l’Angleterre post-colonialiste.

Attendue à une garden party organisée par les parents de son petit ami dans leur magnifique propriété, elle hésite à y aller. Il lui a dit qu’il l’enviait, avec tout cet argent qu’elle a réussi à mettre de côté. Lui, n’en a pas. Mais pourquoi en aurait-il besoin ? Ses parents sont riches et il vit de ses rentes. Il ne se lève pas à 6h matin. Mais il l’aime, il lui dit. Il l’admire.

Dans son monde, elle doit suivre la norme. Faire des bonnes études (Oxbridge), obtenir de bons diplômes, avoir une carrière. Acheter un bien. Acheter de l’art et surtout ne pas se faire remarquer. Suivre le mouvement, ne jamais s’arrêter…. Mais tout cela a-t-il du sens ? Suivre un traitement pour continuer à vivre ainsi ? Dans une sorte de mensonge général. Sa couleur de peau, l’empêchera d’être acceptée dans son ensemble. Elle ment à son petit ami en disant que les résultats de la biopsie sont négatifs. A quoi bon l’inquiéter ?

Un regard froid et cinglant envers la société anglaise et ses travers, envers les attentes que la société a de ces enfants-là.  Ses réflexions sont très pertinentes lorsqu’elle aborde le regard de la société envers les immigrants.

J’ai vraiment aimé ma lecture, je trouve le ton, la forme et le style vraiment excellents. Je n’ai par contre pas totalement adhéré au personnage et surtout, j’ignore si ça vient de l’autrice, mais je n’ai pas aimé le jugement à l’emporte-pièces qu’elle fait des autres, elle les réduit à leur condition sociale. Conditions qu’elle critique ouvertement mais dont elle se sert pour juger les autres. Je ne dis pas que son regard envers son petit ami et son confort, envers sa belle-famille qui appartient à  cette classe supérieure  et qui vit dans un monde si éloigné du sien, n’est pas exact.  Elle évolue chaque jour dans ce monde de faux-semblants, et jusqu’à ce jour, a accepté de jouer le jeu.

Bref, vous voyez, cette lecture ne m’a pas laissée indifférente. Comme le choix qu’elle fait par rapport à sa maladie…  Un livre qu’il est difficile de reposer et sans doute d’oublier.

Elle a définitivement su m’accrocher, surtout en abordant ces foutues conventions sociales – n’étant pas dans la « norme », je comprends en partie les regards et les non-dits que l’on peut provoquer chez les autres. Mais vivre librement est un choix avec des conséquences.

Reste donc une lecture vraiment à part, qui ne vous laissera pas indifférente et je comprends désormais mieux pourquoi ce livre a autant fait le buzz à sa sortie et a été nominé à maintes reprises pour des prix littéraires.

♥♥♥

Editions Penguin, 2021, 112 pages

Photo de Olga Müller sur Unsplash