J’ignore si ce roman peut être inclus dans le défi littéraire lancé par Sunalee sur les pays asiatiques. J’ai confondu avec Singapour. Tant pis ! On est quand même en Asie, non ?! Je ne connaissais ni l’auteur, Lawrence Osborne, ni l’histoire. Mais en allant à la FNAC chercher un cadeau, je me suis arrêtée à leur petite section de livres en anglais, et la couverture m’a attirée, ainsi que l’histoire.
L’action se passe à Hong Kong, alors que les étudiants envahissent les rues, manifestant contre le gouvernement chinois. Colonie britannique depuis 1847, elle a été rétrocédée à la Chine en 1997, faisant craindre à la jeunesse la perte de libertés fondamentales. Adrian Gyle est un reporter britannique installé depuis plus de 20 ans dans la mégalopole, regarde ce mouvement de loin. Il parle le cantonais et un peu le mandarin et s’est habitué à cette ville qui vit surtout la nuit. Chaque soir, il file dans ses petits restaurants cachés des yeux de tous, manger les mêmes soupes et dumplings, et boire dans les mêmes bars. Esseulé, il travaille de moins en moins et réalise que son exil va sans doute prendre fin. Mais il ne se voit pas retourner à Londres.
It was easy to despise him, but as I walked back to Java Road I realised I didn’t feel superior to him at all. There was, after all, something vaguely noble in his corruption.
Il a rejoint son meilleur ami de la fac, Jimmy Tang – le fils d’une famille très riche. Les deux jeunes gens se sont connus sur les bancs de la fac, lors d’un cours de chinois avec comme objectif de traduire l’un des poèmes chinois les plus connus. Depuis, chacun a mené sa barque. Dorénavant la famille de Jimmy vit dans la crainte d’un revirement du gouvernement chinois, les millionnaires et milliardaires ont pour certains fuient avant la rétrocession, d’autres comme la famille de Jimmy ont décidé de s’en faire des alliés, sans doute de manière pas très légale.
Jimmy s’est marié à une femme d’une famille toute aussi riche, et continue le business familial, tandis qu’Adrian perd peu à peu son statut privilégié d’expat – les Youtubers et autres accros des réseaux sociaux étant désormais les plus demandés. Il continue de travailler en free lance pour plusieurs médias étrangers et vit dans un quartier assez malfamé. Mais il s’en fiche. Jimmy l’invite souvent à ses soirées huppées et sur son yacht, et Adrian passe d’un monde à l’autre.
He was fond of quoting a piece of graffiti that had begun to appear on Hong Kong’s walls : In the future, everyone will want to be anonymous for fifteen minutes.
Un jour, ce dernier lui présente, Rebecca, une jeune étudiante. Issue d’une famille aussi riche que lui, elle a décidé de lutter au côté des autres étudiants, au grand désarroi de sa famille. Jimmy et elle ont entamé une liaison. Adrian connaît bien Melissa, l’épouse de Jimmy et il sait qu’il lui ment. Jimmy les invite sur son yacht un dernier week-end. Puis Adrian croise un soir la jeune femme qui dîne en famille. Ils échangent quelques mots… Mais Rebecca disparaît .. et Jimmy quitte précipitamment le pays.
Adrian se pose alors mille questions mais qui croire ? La police qui a conclu au suicide ? Les rumeurs ? Les autres journalistes ? Un roman addictif, avec en fond, la fin d’une époque. Lawrence OSBORNE sait parfaitement traduire la fin d’une époque, la fin d’une forme de liberté, la fin du tout possible pour cette ville, et la fin de cette vie pour Adrian.
J’ai été happée par l’atmosphère de ce roman, par cette ville tiraillée entre deux mondes, par ces reporters en fin de carrière, j’ai beaucoup aimé ce sentiment et le roman est maîtrisé du début à la fin. Je découvre seulement maintenant que Lawrence OSBORNE, Britannique, est l’auteur de The Forgiven (adapté au cinéma) entre autres et d’autres polars. Il réside actuellement à Bangkok. J’ai maintenant très envie de lire ses autres livres (fiction et non fiction).
Bonne nouvelle, Kate KITAMURA dont j’ai adoré le roman offre une superbe critique :
Osborne is a startlingly good observer of privilege, noting the rites and rituals of the upper classes with unerring precision and an undercurrent of malice.”
♥♥♥♥
Editions Vintage, 2023, 229 pages
Photo de Annie Spratt sur Unsplash
2 commentaires
J’ai lu plusieurs livres de Lawrence Osborne, un récit sur Bangkok et des romans. Il a en effet l’art de décrire les villes d’Asie, leurs ambiances, surtout quand il y a des émeutes. J’ai un peu moins aimé celui-ci parce que le personnage principal est un homme, mais j’y ai reconnu la ville que j’aime beaucoup.
Ça n’entrait pas dans mon challenge Asie du Sud-Est mais peut-être que je devrais en organiser un autour de Hong Kong ? (Il n’y a pas grand chose).
Merci pour ton mot. Oui, il a bien l’art de décrire les villes, leurs atmosphères. Ici pas trop d’émeutes. J’ai beaucoup aimé celui-ci du coup je me dis que je vais encore plus aimer les autres ? Pour ton défi, pas grave ! J’ai été ravie de passer quelques jours dans cette ville 😉