Love in the big city · PARK Sang-young

S'aimer dans une grande ville

par Electra
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J’ai acheté ce roman il y a bien un an, et j’avais une fois été tentée de le lire, mais à l’époque, mon cerveau refusait que j’ouvre le moindre roman. J’ai donc décidé de retenter ma chance, et j’ai profité d’un voyage et de plusieurs heures d’avion pour me lancer dans ce roman. PARK Sang-young était devenu célèbre lorsque ce roman a été sélectionné pour l’International Booker Prize en 2022. Et ma lecture a coïncidé avec l’adaptation au cinéma et en série de ce roman, partiellement autobiographique.

Young est un jeune Coréen, qui cache son homosexualité à l’université où il étudie. Mais le soir, il file avec ses quatre meilleurs amis à Itaewon dans les boîtes gays où il enchaîne les rencontres sans lendemain. Il fait la fête non stop, et un soir, à la sortie d’un club, alors qu’il vient d’embrasser avec fougue un homme, il croise le regard de Jaehee. Une étudiante de sa fac. Il lui demande de ne pas révéler son homosexualité. Cette dernière, ostracisée à la fac car elle enchaîne aussi les relations d’un soir, devient rapidement sa meilleure amie. Et très vite, les deux étudiants s’installent ensemble. Chacun confiant à l’autre ses coups de coeur ou ses coups de mou.

Car être homosexuel ou une jeune femme libérée dans un pays encore très conservateur, n’a rien de facile. Chacun a trouvé un prénom pour l’autre, masculin pour lui et féminin pour elle lorsqu’ils parlent de leur colocataire car il est impensable pour les Coréens, même la jeune génération, qu’un homme et une femme puissent cohabiter sans être fiancé ou marié. Young doit aussi gérer la maladie de sa mère. Celle-ci avait vécu un premier cancer il y a cinq ans, et est persuadée que Dieu va la sauver une nouvelle fois. En découvrant l’homosexualité de son fils, alors qu’il était encore lycéen, elle l’avait envoyé en hôpital psychiatrique et avait prié le Bon Dieu pour qu’il le soigne…. Depuis, leurs relations sont compliquées mais Young va la voir tous les jours à l’hôpital…

Le roman raconte les trois rencontres amoureuses que va faire Young, dont celle de Gyu-ho qui sera la plus importante. Et le roman aborde aussi la séropositivité et son impact dans sa vie quotidienne. Un sujet, le Sida, dont on ne parle plus aujourd’hui mais qui continue de sévir.

Don’t try too hard. We all die someday, anyway.

J’ai dévoré le roman, j’avais toujours envie de les retrouver, même lors de leurs passages à vide. J’ai adoré la modernité de ce roman qui présente une autre facette de la Corée du Sud, loin des K-Dramas lisses et parfois fades qui nous sont servies sur Netflix. Ce roman montre la difficulté pour ces jeunes gens d’exister librement, de vivre leur homosexualité ou leur jeunesse de manière insouciante. J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont l’auteur montre que le sexisme est encore très présent et qu’être une jeune femme en Corée du Sud est encore très compliqué sans être jugé.  Mais le roman va plus loin, sur la solitude, la maladie, le deuil et surtout l’amour sous toutes ses formes. Ainsi, son amitié avec ses quatre amis est aussi touchante que la solitude qui va le pousser à faire une bêtise. On oscille entre bonheur et tristesse .

Forcément, je me suis accrochée (dans la série aussi) à son amour, Gyu-ho. Vous le serez également. Mais il y a aussi Kylie, jamais loin. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher votre lecture.

If obsession isn’t love, I have never loved.

Le roman est fluide et certaines phrases me resteront longtemps en tête. Je dois avouer que j’associe dorénavant le roman à la série que j’ai dévorée à mon retour. Elle est très fidèle au roman et tous les acteurs sont formidables. Je les salue car l’acteur principal NAM Yoon-su a été victime d’une véritable campagne de haine et de dénigrement pour avoir accepté d’interpréter un homme gay (et jouer plusieurs scènes de sexe avec des hommes différents). Cette horrible vague de diffamation a montré une nouvelle fois que la Corée du Sud est un pays encore très conservateur, et que seule la culture, sous toutes ses formes, peut défendre la communauté LGTBQ+. et faire avancer les mentalités.

But is love truly beautiful ?

Je vous conseille évidemment le roman, mais aussi la série ou l’adaptation cinématographique (avec des acteurs différents).

Bonne nouvelle : le roman est d’ores et déjà publié en français sous le titre éponyme S’aimer dans une grande ville aux éditions La Croisée.

♥♥♥♥♥

Editions Tilted Axis Press, trad.Anton Hur, 2021, 217 pages

 

Et pourquoi pas

10 commentaires

Sandrine 29 décembre 2024 - 19 h 47 min

Le titre m’aurait fait fuir mais tu en parles si bien que tu me donnes envie de lire ce roman pour mieux comprendre le pays où vit ma fille.

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Electra 29 décembre 2024 - 19 h 55 min

ah oui ! ta fille vit là-bas, oh moi qui adore les auteurs sud-coréens, ils parlent très bien de leur pays. Le titre est effectivement étrange, mais comme il raconte ses trois histoires, ceci explique le titre mais il ne se limite pas à ça. Il ne me quittera pas avant longtemps, je le sens !

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Sunalee 29 décembre 2024 - 20 h 21 min

C’est édité chez Tilted Axis Press… une excellente maison d’édition qu’il faut soutenir. Je le rajoute dans ma liste d’envies !

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Electra 30 décembre 2024 - 23 h 15 min

OK ! je note – mon bilan annuel va paraître je pense mercredi, tu en as fait un ?

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Sunalee 31 décembre 2024 - 13 h 03 min

oui ! il sera publié demain.

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Electra 31 décembre 2024 - 17 h 48 min

super ! J’ai hâte de le lire 🙂

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Fanja 31 décembre 2024 - 0 h 26 min

Au premier abord, je n’aurais pas vraiment été attirée par ce roman et ses thématiques même si j’ai un grand attrait pour la littérature coréenne (un peu moins que la japonaise cela dit), mais tu m’as eue en soulignant qu’il présentait une autre facette de la Corée. C’est vrai que c’est toujours intéressant d’avoir d’autres angles de vue et sons de cloche, d’autant plus que je n’imaginais pas que les sentiments de haine envers l’homosexualité étaient encore aussi forts aujourd’hui en Corée.

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Electra 31 décembre 2024 - 17 h 48 min

Si, même en Thaïlande où la production de séries BL est énorme. La Corée est l’un des pays les plus conservateurs, en tête de gondole pour le sexisme et l’homosexualité est encore jugée très sévèrement (mais pas réprimandée). Et ici les deux personnages en sont les symboles. C’est un portrait moderne et réaliste et en même temps le narrateur est si attachant et il écrit superbement.

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Mingh 31 décembre 2024 - 12 h 00 min

Peux-tu donner les références de la série ? Merci pour ton commentaire, je note pour plus tard. Pas de rapport avec la Corée, mais je viens de voir « Sidonie au Japon » , avec émotion, enthousiasme , le jeu des acteurs … Tout est réussi, Huppert comme on l’aime, un lien sans doute avec » Lost in translation » et « Hiroshima, mon amour ». Bref, je conseille !

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Electra 31 décembre 2024 - 17 h 50 min

La série a le même nom et le film aussi Love in the Big City. La série est disponible sur Viki (Europe) mais le film sur Viki mais pas dans notre zone. La série est incroyable.
Je note pour le film d’Huppert. Je n’ai pas compté le nombre de livres japonais/coréens lus mais il augmente à toute vitesse. Bon réveillon !

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