Tell me everything · Elizabeth Strout

Olive Kitteridge et Lucy Barton font enfin connaissance ! Depuis plusieurs années, Elizabeth Strout nous a raconté les vies d’Olive et de Lucy qui finissent enfin par se rencontrer. Olive Kitteridge vit désormais dans un établissement pour personnes âgées, et Lucy Barton vient lui raconter des « tranches de vie », de personnes qu’elle a connues à différentes périodes de sa vie. Olive lui raconte à son tour plusieurs histoires, certaines plus intimes.  L’autrice américaine n’a plus à prouver son talent de conteuse, mais ici elle se fait plaisir en mettant en scène ses deux héroïnes et le résultat est bluffant.

Nous voici donc de retour dans le Maine. En parallèle, on suit l’histoire de Bob Burgess, dont la vie a déjà été racontée dans les précédents romans – avocat, Bob se voit soudainement confié la défense d’un homme adulte,  quinquagénaire, accusé d’avoir tué sa mère avec qui il vivait. Bob n’a pas plaidé depuis longtemps, mais il croit ce peintre amateur innocent. Il ne peut se confier à Lucy pour respecter le secret professionnel mais il continue de la voir régulièrement. Les deux sont devenus amis et aiment se promener ensemble, mais peu à peu, Bob sent qu’il développe des sentiments à l’égard de Lucy. Cette dernière vit avec William, son ex-mari, père de ses filles et premier époux. Bob est marié depuis trente ans à Margaret, ils n’ont pas d’enfants.

L’autrice a la don de nous faire partager la vie de ses personnages avec un talent inégal. Par petites touches. La pandémie s’éloigne mais les humains restent humains. Comme Pam, la première épouse de Bob, qui a découvert l’infidélité de son époux et est devenue alcoolique. J’aime la manière dont l’autrice dresse le portrait de ses personnages. Je me sens à chaque fois de retour chez moi quand je retourne dans le Maine en sa compagnie. Tous les personnages prennent forme avec leurs qualités et leurs défauts, leurs failles, leurs peurs.

J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont Olive voit Lucy – comme une petite femme plutôt gauche et quelconque. Une surprise pour la lectrice  que je suis qui depuis des années lit la vie de cette femme qui a du affronter tant de choses dans la vie. Mais Olive reste Olive. Une nouvelle fois, l’autrice nous invite à partager la vie de ces habitants du Maine, leurs déboires, leurs désillusions mais aussi leurs histoires d’amour. Car comme Lucy qui se pose la question, la vie a-t-elle un sens surtout lorsqu’elle est écourtée ? La réponse est dans le roman.

Un livre magnifique, il y a de nombreuses tranches de vie racontées et je vous invite à le lire rapidement pour les découvrir. Je me pose maintenant la question de la suite. Lucy a tout juste soixante ans et Olive plus de quatre-vingt. L’autrice a-t-elle encore des choses à raconter à leurs sujets? Moi qui lis désormais peu de romans américains, il y a toujours des incontournables, comme Callan Wink récemment ou Elizabeth Strout. Et en écrivant leurs noms côte à côte, je me dis qu’ils sont vraiment très différents mais pour moi, ils restent des incontournables de la littérature américaine.

Une lecture commune, disons partagée de l’autrice avec INGANMIC qui a découvert l’oeuvre d’Elizabeth Strout en lisant son roman Olive Kitteridge. C’est par ici.

♥♥♥♥♥

Editions Penguin, 2024,330 pages

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